Les défibrillateurs placés dans des lieux publics devraient sauver plus de vies

Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) estime dans un rapport publié jeudi que les défibrillateurs automatiques externes (DAE) placés dans un espace public “permettent vraisemblablement de sauver 6 à 28 vies par an”. Ce résultat plutôt modéré s’explique par le nombre relativement faible de victimes d’arrêt cardiaque qui pourraient bénéficier de l’utilisation de cet appareil, du public peu formé à intervenir ou encore d’un manque de coordination dans la répartition des appareils existants.

Les défibrillateurs automatiques externes sont des appareils portables que l’on branche sur le thorax d’une personne en arrêt cardiaque. Ils délivrent un choc électrique si nécessaire. Environ 9.000 Belges sont touchés par un arrêt cardiaque inopiné chaque année, dont 17 à 30% dans un lieu public.

Le KCE a été chargé d’évaluer l’efficacité et le rapport coût-efficacité des DAE accessibles au grand public en Belgique. En l’absence de chiffres précis pour la Belgique, les chercheurs ont dû effectuer une simulation sur base de résultats internationaux et belges disponibles.

Il en ressort que l’impact du DAE sur la mortalité globale par arrêt cardiaque reste limité. Multiplier les appareils, sans aucune coordination, tout en négligeant les autres étapes de la chaîne de survie – reconnaissance précoce du problème, appel immédiat aux services de secours, réanimation rapide et prise en charge par les services d’urgence – n’est pas efficace.

Manque de formation

En outre, le public est peu formé à intervenir. La localisation des appareils est également difficile. D’une part, parce qu’ils ne se trouvent pas toujours à proximité ou dans des bâtiments privés et d’autre part, parce qu’aucune cartographie n’existe. Si, théoriquement, chaque propriétaire doit enregistrer son appareil auprès du SPF Santé publique, la procédure complexe est décourageante.

Par ailleurs, 8% des victimes d’un arrêt cardiaque maximum pourraient réellement bénéficier d’une défibrillation pratiquée par des témoins. Moins d’un cinquième (17%) des arrêts se produisent dans l’espace public en Belgique, dont 44% en présence de témoins. De plus, 20% des arrêts ne sont pas d’origine cardiaque et ne nécessitent pas un choc électrique. Surtout, une fois le DAE prêt à être utilisé, il est parfois trop tard.

Le KCE recommande d’optimiser d’abord les différentes étapes de la chaîne de survie, en améliorant notamment le niveau de compétence du grand public par des campagnes d’information et par une formation obligatoire en entreprise ou dès l’école secondaire. Il propose également de tester de nouvelles approches, comme la formation de bénévoles immédiatement localisables et mobilisables par les services de secours. (avec Belga)

  • Reportage de David Courier et Yannick Vangansbeek

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26 octobre 2017 - 17h33
Modifié le 26 octobre 2017 - 17h33