Paradise Papers : le site de paris en ligne Betway, sponsor du RSC Anderlecht, épinglé
La tornade “Paradise Papers” a aussi accosté sur les rives du sport. Après le champion du monde de Formule 1 Lewis Hamilton, cité pour l’achat d’un jet privé dont il n’aurait pas payé la TVA en le localisant dans un paradis fiscal, ce sont les clubs ou fédérations de football qui se retrouvent propulsés à l’avant de l’affaire via un de leurs sponsors.
Le Soir et De Tijd ont en effet épinglé Betway, un site de jeux et paris en ligne implanté à Malte, mais dont une filiale est basée aux Iles Vierges britanniques, un paradis fiscal. C’est aussi depuis septembre 2016, un des sponsors d’Anderlecht, de la Coupe de Belgique organisée par l’Union Belge de football et la Pro League et – surtout – de West Ham United, le club londonien de Premier League qui encaisse 12 millions d’euros par saison grâce à ce juteux partenariat.
En tant que site de jeux et paris en ligne, Betway, contrairement à nombre de ses concurrents étrangers, comme par exemple William Hill, détient une licence officielle de la Commission des Jeux de hasard, et recueille donc les paris en toute légalité dans notre pays. Ce qui, souligne Le Soir, ne garantit pas pour autant son honorabilité, des liens (indirects) avec la mafia étant notamment soupçonnés. D’autant que cette société serait tout sauf transparente, avec un siège social dont l’adresse mène à un garage quasi-désaffecté.
“Une société privée avec des actionnaires privés”
Mis en cause au sujet de son ADN mystérieux, Betway se contente (pour l’instant) de répondre qu’elle est “une société privée avec des actionnaires privés”. Le Soir, qui révèle en outre l’existence de deux filiales du groupe carrément illégales, Digimedia et Bayton, dont Betway s’efforcerait systématiquement de se dissocier, avance que les activités de sponsoring de cette société pourraient avoir été financées par de l’argent auparavant blanchi aux Iles Vierges. 28 millions en provenance du paradis fiscal ont en effet atterri sur le compte maltais de Betway à la mi-décembre 2014.
On notera aussi que fin 2015, Betway était devenu, en principe pour trois ans, le sponsor de la fédération internationale de tennis (ITF), qui organise la Fed Cup et la Coupe Davis dont la Belgique disputera la finale contre la France la semaine prochaine. Mais diverses critiques au sujet de ce partenariat ont rapidement amené les deux parties à rompre “de commun accord”, en janvier 2017.
“On est au courant de cette affaire de siège”
“Betway a reçu une licence officielle de paris sportifs par l’intermédiaire de la Commission des jeux de hasard, et il ne nous appartient pas de remettre en question sa fiabilité”, soulignent de concert l’Union Belge et la Pro Ligue, qui organisent conjointement la Coupe de Belgique, sponsorisée par Betway. “Il ne nous revient pas d’examiner ou de remettre en cause la présence de Betway sur le marché belge dans le secteur des jeux”, ajoute le porte-parole de l’URBSFA Pierre Cornez, contacté par l’agence Belga. “Ce sont les instances qui accordent ou non le droit à cette société visiblement considérée comme légale, de développer ses activités en Belgique”.
Même son de cloche à Anderlecht, pas au courant des rouages et montages apparemment destinés à échapper au fisc. Interrogé à ce sujet par De Tijd, le porte-parole David Steegen précise que le Sporting a pris en compte la licence officielle accordée à Betway par la Commission des jeux de hasard, “et rien d’autre”.
Cette société est autorisée à fonctionner sur le marché belge, et Anderlecht ne voit donc aucune raison de ne pas accepter d’y être associé via son sponsoring. “On est au courant de cette affaire de siège”, admet Steegen, “mais elle ne nous concerne pas. Notre partenaire, c’est le bookmaker qui prend des paris en toute légalité dans notre pays, sur un site qui ne fait l’objet d’aucun interdit. À partir de là, on juge que cette société à les références requises pour un partenariat avec Anderlecht…”
Avec Belga – Photo : Belga/Virginie Lefour