Malgré un bon niveau d’éducation, le taux de chômage des Afro-descendants plus élevé
Le taux de chômage des Afro-descendants est quatre fois supérieur à la moyenne belge, alors que 60% d’entre eux sont diplômés de l’enseignement supérieur, ressort-il d’une enquête de la Fondation Roi Baudouin sur les populations belgo-congolaise, belgo-rwandaise et belgo-burundaise présentée mercredi. Huit sondés sur dix se disent victimes de discriminations, et ce dès le plus jeune âge.
Avec quelque 110.000 personnes établies en Belgique, les Belgo-Congolais, Belgo-Rwandais et Belgo-Burundais forment le 3e groupe le plus important de populations issues de l’immigration extra-européenne. Or ces citoyens sont peu présents dans le débat public, c’est pourquoi la Fondation a commandité à des chercheurs de l’UCL, de l’ULg et de la VUB une étude sur leurs réalités et leurs attentes.
Le niveau d’enseignement de ces Afro-descendants est plus élevé que la moyenne belge (33% des Belges possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur), ce qui n’empêche pas leur taux de chômage d’être quatre fois supérieur à la moyenne nationale. Plus de la moitié des personnes interrogées (56%) occupent un emploi en dessous de leur niveau d’études.
Non reconnaissance de certains diplômes et discrimination
Ce paradoxe s’explique par la non reconnaissance de certains diplômes acquis à l’étranger, mais aussi par de rudes discriminations qui compliquent l’accès à un logement ou à un travail. Huit sondés sur dix affirment avoir subi des discriminations, inégalités de traitement ou insultes, que ce soit en raison de leur couleur de peau ou de leur origine. 86% estiment être perçus comme étrangers.
En conséquence, le niveau de vie des ménages est jugé “tout juste suffisant” par un tiers des sondés et “insuffisant” par 13% d’entre eux.
Pourtant, 61% des sondés “se sentent” belges et les Belgo-Congolais, Belgo-Rwandais et Belgo-Burundais de la 2e génération se sentent davantage appartenir à la Belgique que leurs aînés.
Les Afro-descendants interrogés s’intéressent beaucoup à la politique, notamment celle de leur pays d’origine. Pour la politique belge et européenne, ils se montrent plus intéressés que la population belge en général. Un élément sans doute lié à leur niveau d’éducation, note la Fondation Roi Baudouin.
L’enquête révèle encore que 91% des interviewés estiment que l’histoire coloniale devrait être enseignée à l’école. Sept personnes sur dix pensent que la question coloniale n’occupe pas suffisamment de place dans l’espace public.
Les résultats de l’enquête doivent être pris comme un “signal”, pour Françoise Pissart, membre de la direction de la Fondation. “Il y a urgence à prendre en compte le potentiel socio-économique et humain de ces personnes. La société doit se mobiliser.”
avec Belga