Jawad Bendaoud assure qu’il ignorait tout des actes commis par ses “locataires”

Entendu devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir fourni un appartement à Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh après les attentats du 13 novembre, Jawad Bendaoud encourt six ans de prison. Le prévenu assure qu’il ne connaissait pas ses “locataires” et qu’il ne savait rien des actes commis.

Sur ses aspirations djihadistes

Interrogé par la présidente sur son éventuelle radicalisation, Jawad Bendaoud dément catégoriquement les affirmations de l’un de ses codétenus. Soit, une admiration assumée pour Mohamed Merah, ainsi qu’un visionnage régulier de vidéos djihadistes en 2014. D’après les médias français, l’inculpé s’exprimait nerveusement et très rapidement en évoquant les nombreux “squats” qu’il gérait à Saint-Denis, loués à des gens du quartier.

Sur sa complicité

Jawad Bendaoud affirme que l’appartement loué à Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh lui servait uniquement de lieu de “redescente”, après avoir consommé de la drogue. Le prévenu, lui, vivait avec la mère de son enfant à l’époque des faits. En effet, Mohamed Soumah – poursuivi pour le même chef d’inculpation – et lui vendaient de la cocaïne. Lors de son arrestation, Bendaoud a d’ailleurs cru – toujours d’après lui – que ses activités illégales avaient été remarquées. Il assure n’avoir entendu parler du Bataclan qu’au moment de son incarcération.

Approché par Hasna Aït Boulahcen

Son complice, après avoir été approché par Hasna Aït Boulahcen, aurait remené les deux djihadistes et la cousine d’Abdelhamid Abaaoud au “squat”. Car la tête de cette dernière “lui disait quelque chose“, mais s’il avait “sur qu’elle venait avec des terroristes“, il ne les aurait “jamais hébergés“, a déclaré le prévenu devant le tribunal. Abaaoud aurait évoqué des problèmes conjugaux pour convaincre Bendaoud de le loger. Quant à Hasna Aït Boulahcen, elle avait présenté les deux terroristes comme son frère et son cousin.

Comment vous voulez que je pense que mon pote, avec qui je fait du trafic de ‘stup’, il va venir avec une meuf qui fume des clopes et ils vont m’amener des terroristes?“, a résumé le prévenu.

Au fil de son récit, Jawad Bendaoud est devenu de plus en plus nerveux, tenant régulièrement des propos incohérents ou prêtant à la dérision et devant par moments être rappelé au calme par son avocat.

Quant à certains points clés … aucune explications

Il n’a pas donné d’explication quant au contenu des appels téléphoniques échangés avec Hasna Aït Boulahcen et affirme qu’il n’a passé que quelques minutes avec ses locataires, sans remarquer quoi que ce soit de particulier.

Le 17 novembre, soit la veille de l’assaut du Raid, Jawad Bendaoud déclare qu’il était chez lui, une version qui ne correspond pas à celle donnée aux enquêteurs par sa mère. Quant au fait que son ADN, mêlé à celui de Chakib Akrouh, ait été retrouvé sur du scotch utilisé pour le détonateur de la ceinture d’explosifs que ce dernier a déclenchée lors de l’assaut, le prévenu a nié catégoriquement avoir participé à sa confection.

Enfin, il a dit n’avoir compris qui étaient ses locataires que lorsqu’on lui a montré une photo d’Abaaoud alors que l’intervention du Raid était terminée. De manière générale, les déclarations de Jawad Bendaoud n’ont pas convaincu les nombreux avocats des parties civiles.

L’audience, suspendue jeudi peu après 19h00, reprendra vendredi à 13h30.

Belga.

 

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25 janvier 2018 - 20h26
Modifié le 25 janvier 2018 - 20h26