Michel se tait sur Francken et revient sur la politique d’asile : “Je n’ai entendu personne dans l’opposition donner une alternative”
Quinze (!) députés ont interpellé ce jeudi après-midi, en séance plénière de la Chambre, le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Théo Francken (N-VA) et le Premier ministre Charles Michel (MR) sur les déclarations de l’élu nationaliste tant sur la question de l’asile en Europe que sur ses propos à propos du gouvernement fédéral et de l’Union européenne.
Les débats ont une nouvelle fois été vifs ce jeudi après-midi, en séance plénière de la Chambre, suite aux propos tenus mardi et mercredi par le secrétaire d’État Théo Francken (N-VA). D’abord, l’homme avait affirmé qu’il souhaitait “contourner l’article 3 de la Convention européenne des Droits de l’homme”, suscitant l’ire de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme et de l’opposition au gouvernement fédéral. Le lendemain, Théo Francken avait lancé lors d’une interview à nos confrères de la VRT que “l’hypocrisie est la vaseline de la rue de la Loi et du rond-point Schuman”, soit une critique à demi-mots du gouvernement fédéral et de l’Union européenne.
Interpellé par de nombreux députés sur ces déclarations, ce jeudi après-midi, Théo Francken n’a pourtant pas répondu aux députés malgré sa présence dans l’hémicycle. C’est le Premier ministre Charles Michel (MR), également interpellé, qui a décidé de répondre aux critiques de l’opposition, et même… de certains membres de la majorité.
“Le camp des populistes et de l’extrême-droite”
“Théo Francken a montré encore une fois qu’il rejoignait le camp des populistes et de l’extrême-droite qui n’ont comme subterfuge face aux arguments de la loi que de mépriser les institutions et votre autorité monsieur le Premier ministre. Jusqu’où allez-vous acceptez que votre fonction soit rabaissée ?”, a notamment lancé Olivier Maingain (DéFI). “L’impunité politique dont il jouit l’a renforcé, ses idées et ses attitudes ignobles ont prospéré sur le terrain de votre renoncement”, ajoute le chef de file du PS Ahmed Laaouej. “Monsieur le Premier ministre, je souhaiterais simplement vous citer Gramsci : le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à venir et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. Méfiez-vous de ces monstres”, a confié pour sa part Georges Dallemagne (cdH).
Du côté du CD&V, on va jusqu’à souligner le double discours de Théo Francken : “On contraint les réfugiés en Belgique à signer une carte de respect des droits de l’homme puis on essaye de contourner un article de la Convention européenne des Droits de l’homme”, estime Servais Vandestraeten. “En tout cas, il n’a pas parlé en mon nom”, a lâché le chef de groupe Open Vld Patrick Dewael. Il a rappelé les règles de déontologie qui prévalent au sein du gouvernement, selon lesquelles un membre s’exprime au nom de l’exécutif. Ces règles devraient l’emporter sur la “fièvre électorale” qui anime la N-VA, a-t-il dit.
Charles Michel réplique… sur l’asile
Charles Michel n’a finalement pas répondu sur les déclarations de son secrétaire d’État mais s’est exprimé sur la politique de son gouvernement sur l’asile et à la migration. “L’article 3 de la CEDH est un principe sacré”, a confié le Premier ministre. “Nous devons conjuguer solidarité et responsabilité. (…) Car l’Europe a besoin de frontières sûres, de frontières contrôlées et tant pis pour ceux, ici, qui ne veulent pas de ces frontières”, a-t-il encore ajouté. “Derrière les chiffres et les statistiques, il y a une réalité humaine, des femmes, des hommes et des enfants. Je n’ai entendu personne dans l’opposition donner une alternative à la démarche que nous préconisons et mettons en œuvre”.
Gr.I. avec Belga – Photo : archive Belga/Benoît Doppagne