Le Médibus fête ses 5 ans: “2 fois plus de personnes précarisées”
Depuis cinq ans déjà, le médibus de Médecins du Monde parcourt les rues de Bruxelles pour proposer des soins médicaux aux personnes précarisées. Cinq années au cours desquelles la pauvreté s’est agravée dans la capitale: personnes sans-abri, mal logées, ou en situation de précarité… un microcosme qui ne saisse de grandir, d’après l’ONG. Depuis son lancement en 2013, Médibus a dû intensifier ses activités pour répondre à une demande croissante sur le terrain.
Un Mobilhome réaménagé en lieu d’accueil et de consultation, c’est le concept du Médibus créé en 2013 par Médecins du Monde. Trois soirs par semaine, le cabinet mobile s’en va à la rencontre des personnes précarisées pour leur proposer des soins infirmiers, des tests de dépistages, ou encore du matériel d’injection stérile. Personnes sans-abri, mal logées, sans papiers, usagers de drogues, travailleurs du sexe, … tous peuvent compter sur la disponibilité du Médibus en cas de “couac” médical.
“Ce qui fait la spécificité du Médibus, c’est son aspect mobile. Il se rend dans les lieux de vie des personnes: aux abords des gares, des stations de métro, des squats, etc.“, explique Geneviève Loots, coordinatrice des projets bruxellois de Médecins du Monde. “Plutôt que d’attendre que celles-ci se déplacent vers des centres de soins, les soins viennent à elles“.
A l’occasion de ce nouvel anniversaire, le Médibus fait un bilan peu encourageant de ces cinq années passées sur le terrain. Les travailleurs impliqués dans le projet voient le nombre de personnes en situation de précarité augmenter au fil des années.
“Ce n’est pas réellement une surprise, quand on regarde les chiffres. En quelques années, le nombre de personnes sans-abri à Bruxelles a bondi de 96%. Le risque de tomber dans la pauvreté est de 31,9% dans la capitale (contre 10,5% en Flandres, par exemple)”, précise-t-on auprès de Médecins du Monde.
Toujours moins d’accès à la santé pour les plus précarisés
Devenu un vrai point d’accueil pour les personnes marginalisées, le Médibus a déjà établi près de 7000 contacts en 2017, dont 617 personnes bénéficiaires d’une consultation infirmière. Le nombre de patients accueillis a progressivement augmenté dans les premiers mois du projet, pour finalement doubler entre 2015 et 2018.
“Il s’agit de personnes qui accèdent difficilement, voir pas du tout au système de soins de santé traditionnel, que ce soit à cause d’une maladie, d’une exclusion, de problèmes administratifs ou d’un manque d’argent. Parmi elles, nous voyons également de plus en plus de personnes ‘ordinaires’ qui ne se sont plus en mesure de se soigner correctement : un·e Bruxellois·e sur quatre reporte systématiquement ses soins et ne voit pas de médecin ! On le ressent dans notre centre de soins, mais aussi avec le Médibus”, ajoute encore Geneviève Loots.$
Enfin, Médecins du Monde met en garde contre le manque d’accessibilité aux soins de santé: “Bruxelles est dans le rouge. Notre système de santé est organisé de telle manière que les personnes les plus précaires en sont de facto exclues. Pour qu’une personne sans-abri puisse recevoir des soins par exemple, il lui est demandé de renseigner une adresse ! Une personne sans-papier devra fournir toute une série de… papiers avant de voir sa demande de soins examinée ! »
Médecins du Monde demande des changements immédiats dans la politique du sans-abrisme.
C.L