Mehdi Nemmouche entendu par un juge français

Le djihadiste français Mehdi Nemmouche, auteur présumé de la tuerie du Musée juif à Bruxelles, a été entendu à Bruxelles par un juge antiterroriste parisien sur son rôle présumé dans la prise d’otage de quatre journalistes français en Syrie en 2013-2014, a appris l’AFP auprès de son avocat.

“Le juge a posé une soixantaine de questions auxquelles il a répondu en invoquant son droit au silence”, a déclaré à l’AFP son avocat Francis Vuillemin, à l’issue de l’audition qui a duré 45 minutes.

Il s’agissait dans cette affaire du premier interrogatoire sur le fond de Mehdi Nemmouche, âgé de 33 ans, depuis sa mise en examen le 15 novembre 2017 par des juges antiterroristes parisiens pour “enlèvement et séquestration en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste” et “association de malfaiteurs terroriste criminelle”.

A l’époque, il avait déjà refusé de s’exprimer sur son rôle de geôlier présumé des journalistes français otages en Syrie, dont trois se sont constitués parties civiles. Cette audition s’est déroulée à la demande du juge d’instruction Bertrand Grain venu de Paris, et en présence d’une magistrate du tribunal de première instance de Bruxelles.

“Il s’exprimera devant la cour d’assises, si la justice estime qu’il y a des charges suffisantes pour le juger, plutôt que d’avoir à répondre à une succession de questions qui sont toujours les mêmes et qui portent quasi essentiellement sur les seules déclarations des quatre journalistes”, a indiqué son avocat.

“Cinq ans après les faits, c’est un dossier très léger où il n’y a que ces déclarations. Depuis sa mise en examen, il n’y a eu aucun procès-verbal, aucun acte d’instruction supplémentaire.” Actuellement incarcéré à la prison de Leuze-en-Hainaut, Mehdi Nemmouche est dans l’attente de son procès pour la tuerie du Musée juif à Bruxelles en 2014. Il doit se tenir devant la cour d’assises fin 2018 ou début 2019.

“Quand il ne chantait pas, il torturait.

Entendus peu après par les services de renseignement, les journalistes Didier François, Pierre Torrès, Edouard Elias et Nicolas Hénin, enlevés en Syrie en juin 2013 et libérés le 18 avril 2014, l’avaient identifié, plus ou moins formellement, comme l’un de leurs geôliers.

La présence de Nemmouche auprès des quatre journalistes en Syrie avait été révélée en septembre 2014 par Le Monde. Certains d’entre eux s’étaient alors exprimés publiquement. Nicolas Hénin a notamment raconté au Point avoir été “maltraité” par Nemmouche, désigné comme “Abou Omar le cogneur”, lorsqu’il était retenu notamment à l’hôpital ophtalmologique d’Alep, transformé en prison par le groupe État islamique (EI).

“Quand il ne chantait pas, il torturait. Il était membre d’un petit groupe de Français dont la venue terrorisait la cinquantaine de prisonniers syriens détenus dans les cellules voisines”, avait relaté l’ex-otage. Les journalistes avaient reconnu d’autres figures du djihadisme parmi leurs geôliers: Najim Laachraoui, l’un des deux kamikazes mort le 22 mars 2016 dans l’attentat à l’aéroport de Bruxelles, et Salim Benghalem, un proche des frères Kouachi, auteurs de l’attaque de l’hebdomadaire Charlie Hebdo à Paris en janvier 2015.

BELGA

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05 juillet 2018 - 12h44
Modifié le 07 janvier 2019 - 06h41