Budget fédéral : Jobdeal, Belfius en bourse, 4e opérateur mobile et Arco

Le Premier ministre Charles Michel a mis en avant mardi la capacité de son gouvernement à mener des réformes. Selon lui, l’accord auquel il est parvenu au cours de la nuit sur le budget 2019 et une série d’autres dossiers le démontre.

“Nous avons fait la démonstration de notre capacité à décider sur des dossiers importants. Ce qui est sur la table, avec cette vague de réformes structurelles et de décisions, c’est notre menu pour les prochains mois. Nous devrons travailler pour mettre en oeuvre ces mesures: adopter des projets de loi, des arrêtés royaux, etc.”, a souligné le chef du gouvernement au cours d’une conférence de presse à Bruxelles. Comme annoncé, le gouvernement fédéral s’est accordé sur un “job’s deal” – fort de 28 mesures et qui vise à créer 12.500 emplois dès l’an prochain- , l’arrivée d’un 4e opérateur télécom mobile sur le marché belge, ainsi que la privatisation partielle de Belfius et l’indemnisation des coopérateurs d’Arco. Les deux derniers dossiers étaient liés. L’échéance de l’entrée en bourse de 30% de la banque belge n’est pas encore décidée. Le produit servira au désendettement ainsi qu’à financer le Pacte stratégique d’investissement à concurrence de 190 millions d’euros. Quant à l’indemnisation des coopérateurs d’Arco, elle bénéficiera d’une enveloppe de 600 millions d’euros. Le paiement des indemnités sera effectué lorsque le gouvernement aura pris une décision définitive sur l’entrée en bourse (IPO) de Belfius. La banque traitera les demandes.

Le volet Arco ne nécessite pas le feu vert préalable de l’UE, assure Peeters

Le volet Arco de l’accord budgétaire survenu cette nuit au gouvernement fédéral ne nécessite pas l’accord préalable de l’Europe, a assuré mardi le vice-Premier ministre CD&V Kris Peeters, sur les ondes de Radio 1 (VRT).

“Il n’est pas question ici d’aide d’Etat, nous ne faisons qu’indemniser des personnes physiques, pas des personnes morales ni des sociétés”, a souligné M. Peeters, pour qui l’accord “offre une sécurité aux 800.000 coopérateurs d’Arco”, bras financier de l’aile flamande du Mouvement ouvrier chrétien (ACW) emporté dans la débâcle de Dexia. “Nous informerons l’Europe de cet accord, un feu vert préalable n’est pas nécessaire”, a ajouté le démocrate chrétien flamand. Les coopérateurs d’Arco recevront une proposition par courrier à la fin octobre. “D’ici là, un guichet sera mis en place, les coopérateurs pourront s’adresser à lui”, selon M. Peeters, qui refuse de se prononcer sur les délais de paiement de l’indemnisation. Un fonds de 600 millions d’euros serait mis en place. L’accord sur Arco, une exigence du CD&V inscrite dans l’accord de gouvernement, permet de débloquer l’entrée en Bourse de Belfius, vraisemblablement pour 30% des parts. Le mouvement ouvrier chrétien, lui, apporterait quelque 35 millions dans le fonds, qui serait aussi alimenté par les pouvoirs publics et la banque Belfius. En revanche, pour le chef de groupe MR à la Chambre David Clarinval, “il sera nécessaire d’obtenir le feu vert de la Commission européenne, sinon cette opération ne pourra pas avoir lieu”, a-t-il souligné sur les ondes de La Première (RTBF).

Quatrième opérateur: Proximus regrette une décision qui mettra sous pression l’emploi

Proximus déplore la décision du gouvernement fédéral d’ouvrir la vente aux enchères de spectre en 2019 à un quatrième opérateur mobile, a fait savoir mardi le groupe télécom.

Pour Proximus, cette décision “permettra à un nouvel opérateur d’entrer sur le marché belge à des conditions disruptives”. “Si cette situation fera en effet baisser les prix pour le consommateur à court terme, elle aura également des conséquences immédiates pour la qualité du réseau et la rentabilité du secteur, ce qui mettra inévitablement sous pression les investissements dans le réseau et l’emploi dans le secteur des télécommunications en Belgique”, met en garde l’entreprise publique.

La CGSLB “furieuse” d’une “nouvelle entorse à la concertation sociale”

La CGSLB s’est dit furieuse mardi à l’issue de la présentation en détail du budget fédéral par le gouvernement, qu’elle considère comme une “nouvelle entorse à la concertation sociale”.

“L’accord social de 2014 prévoyait que les partenaires sociaux peuvent négocier des âges inférieurs pour accéder au RCC dans le cadre des accords interprofessionnels. Or, dans l’accord estival, le gouvernement fédéral supprime cette possibilité et porte une nouvelle fois atteinte à la liberté des partenaires sociaux”, estime le syndicat libéral. L’accélération de la dégressivité des allocations de chômage est, selon la CGSLB, contreproductive mais également “dure et injuste pour les demandeurs d’emploi qui verront leurs allocations descendre encore plus rapidement en dessous du seuil de pauvreté”. “Plus les revenus sont faibles, plus il est difficile de supporter les frais liés à la recherche d’un emploi convenable (formation, connexion Internet, garde des enfants…).” Avec le deal pour l’emploi, le gouvernement recycle, d’après le syndicat, “une mauvaise recette en associant réformes socio-économiques et budget. D’ailleurs, nous nous demandons comment il calcule l’impact de ces mesures sur les finances de l’État. Ce type de deal est plutôt révélateur de la faiblesse de sa politique budgétaire, conçue pour satisfaire aux exigences de la Commission européenne au détriment du bien-être social des citoyens.”

Ecolo dénonce de vieilles recettes, qui reporte la note sur les générations futures

Les écologistes francophones ont dénoncé mardi les “vieilles recettes” utilisées par le gouvernement fédéral pour boucler le projet de budget 2019 et l’accord trouvé pour le “deal pour l’emploi”, l’indemnisation des coopérateurs d’Arco – liée la privatisation partielle de Belfius – et à l’arrivée d’un 4e opérateur mobile sur le marché des télécoms, qui entraînent, selon les Verts, “la précarisation accrue d’une frange de plus en plus importante de nos concitoyens”.

“Contrairement à ce que présentait ce matin le gouvernement fédéral, le compte n’est pas bon. En effet, le gouvernement Michel continue de nier que certaines de ses estimations budgétaires ne tiennent pas la route (par exemple: caractère structurel des versements anticipés Isoc, nouvelles recettes fiscales) et, par conséquence, va envoyer la facture aux prochaines législatures et générations futures”, ont indiqué les coprésidents d’Ecolo, Zakia Khattabi et Patrick Dupriez, dans un communiqué. “Privatisation, contrôle, sanction… autant de vieilles recettes qui n’ont jamais rien donné d’autre comme résultat que la précarisation accrue d’une frange de plus en plus importante de nos concitoyens”, ont-ils ajouté. Selon Ecolo, l’accord sur l’emploi, par exemple, se fait budgétairement et symboliquement au détriment des plus fragiles. “Si certaines mesures concernant les métiers en pénurie sont intéressantes, notamment en termes de formation ou de mobilité professionnelle, la dégressivité accrue des allocations de chômage reste scandaleuse alors qu’on sait à quel point le marché de l’emploi actuel est difficile”, ont poursuivi les dirigeants écologistes.

Pour le PS, le gouvernement fait payer sa mauvaise gestion aux plus précarisés

L’accord budgétaire conclu cette nuit par le gouvernement fédéral fait payer aux plus précarisés la mauvaise gestion de l’exécutif Michel, a déploré mardi le chef de groupe PS à la Chambre, Ahmed Laaouej.

Pour lui, les économies réalisées sont le résultat d’une “asphyxie” organisée par le fédéral ces dernières années, qui mène à un trou de 5 milliards d’euros en 2019, et non 2,6 milliards ou 3 milliards comme le prétend un “gouvernement de menteurs sur le plan budgétaire”. Pour le socialiste, le gouvernement a accordé des “chèques en blanc au grand patronat” en faisant des cadeaux aux diamantaires, en n’agissant pas assez contre les paradis fiscaux, aux dépens des plus précarisés touchés par le saut d’index, les mesures sur les pensions, les allocataires, les coupes SNCB, la TVA sur l’électricité, etc. Les créations d’emploi dont se targue le gouvernement, quant à elles, sont essentiellement dues à l’amélioration de la conjoncture internationale, ajoute le député d’opposition. Il juge indécent de cibler les chômeurs par une dégressivité accrue de leurs allocations, ou en durcissant les prépensions, alors que dans le même temps le gouvernement octroie un cadeau aux coopérateurs d’Arco. Quant à la vente de parts de la banque publique Belfius, “on brade un actif qui fonctionne bien parce qu’on ne parvient pas à désendetter”, regrette Ahmed Laaouej.

 

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24 juillet 2018 - 13h14
Modifié le 24 juillet 2018 - 13h14