Asile et migration: le gouvernement veut augmenter la capacité d’enfermement des migrants en transit
Le gouvernement fédéral a décidé d’augmenter la capacité d’enfermement des étrangers en séjour illégal pour faire face au phénomène de la transmigration. Toutes les pistes sont étudiées mais elles n’ont pas encore été validées, a indiqué vendredi le Premier ministre, Charles Michel (MR), à l’issue du conseil des ministres.
L’ambition affichée par l’équipe Michel est la création de 300 places supplémentaires en plus des 90 places prévues dans le cadre d’un masterplan déjà approuvé. Au total, la capacité d’enfermement devrait avoir doublé d’ici la fin de la législature et représenter quelque 900 places. Le gouvernement veut aller rapidement, ont insisté tant Charles Michel que le secrétaire d’Etat à l’Asile, Theo Francken. Il pourrait utiliser des casernes ou un “ponton”, soit une infrastructure d’accueil installée sur l’eau, déjà utilisée à Gand en 2015. Ce genre de solution permet de gagner du temps en évitant les longues procédures de construction ou de rénovation de bâtiments.
Une aile spéciale a déjà été aménagée au centre fermé 127bis de Steenokkerzeel. Les migrants qui y sont détenus sont informés de la possibilité de demander l’asile, et d’être pris en charge dans le réseau de Fedasil le temps que la demande soit examinée, ou de s’inscrire dans le cadre d’un retour volontaire vers leur pays d’origine.
Par ailleurs, les actions menées avec les autorités locales sous la conduite des gouverneurs de provinces se poursuivent. Une attention particulière est apportée à Zeebrugge. Le gouvernement entend faire clairement comprendre aux migrants et aux passeurs que ce n’est pas en passant par le port qu’ils atteindront la Grande Bretagne. Des contacts ont eu lieu et auront encore lieu avec les autorités britanniques qui sont prêtes à dépêcher des agents en Belgique pour intensifier les contrôles.
Le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (NVA), s’est concerté par ailleurs avec le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close (PS). Un plan d’actions est prêt pour lutter contre la criminalité autour du Parc Maximilien, où se retrouvent de nombreux migrants. Le Parc, situé en face de l’Office des étrangers, fait office de point de ralliement pour la distribution de nourriture et l’organisation de l’hébergement chez des particuliers ou au centre “La Porte d’Ulysse” à Haren. A ce sujet, Jan Jambon n’a pas caché son “ambition” de “quitter cette approche” considérée par le gouvernement fédéral comme un “appel d’air”.
Pour ce qui est du volet judiciaire, le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), a reçu du Collège des Procureurs généraux un bref avis sur la possibilité de lire les données d’un gsm. La technique n’est pas neuve et est déjà utilisée dans la lutte contre le trafic d’êtres humains. Le gouvernement voulait toutefois disposer d’un cadre plus précis. En cas d’interpellation -par exemple sur un parking, dans un parc ou encore une camionnette-, un officier de police judiciaire peut confisquer le téléphone de l’auteur de l’infraction ou de la victime, dans le cadre d’une enquête judiciaire, et en lire les données. Hors d’un cas de flagrant délit, il devra demander l’autorisation du parquet pour lire ces données. Cette autorisation est également requise lorsqu’il s’agit de retrouver des données effacées. Le gsm doit être restitué à son possesseur dans les meilleurs délais car il s’agit d’un “moyen de communication sociale”. Il n’a en revanche pas été question de la poursuite systématique des migrants en séjour illégal par le parquet comme l’avait demandé la N-VA.
Le gouvernement entend mener une “politique efficace” face aux transmigrants, a répété Charles Michel, insistant sur le respect de “l’Etat de droit”. Le Premier ministre a rejeté les critiques de l’opposition. “J’entends beaucoup de commentaires mais nous restons sur notre ligne: une politique ferme et humaine. Lorsque quelqu’un ne fait pas de demande d’asile ou que celle-ci est refusée, il n’y a pas d’autre choix que de mettre en place une politique de retour. De tous ceux qui nous attaquent avec des mots très durs, j’attends depuis 4 ans de connaître leurs alternatives. Ou alors qu’ils disent clairement qu’ils veulent une politique de frontière ouverte, avec une régularisation massive à la clé“, a-t-il dit.
(Photo d’illustration : Nicolas Maeterlinck/Belga)
► Reportage de David Courier et Charles Carpreau