Pour les éditorialistes francophones, “la campagne électorale est lancée”

Si le MR a tenu tête à la N-VA sur la question du pacte de l’Onu sur les migrations, ce que saluent la plupart des éditorialistes francophones, les prochains mois s’annoncent difficiles pour le nouveau gouvernement minoritaire alors que se profilent les élections de mai 2019, préviennent-ils. Pour eux, c’est certain, la campagne électorale est lancée et elle risque d’être nauséabonde.

“Ce qui est sûr, c’est que la N-VA et les membres délaissés de la majorité ont préféré recouvrer leur indépendance, à six mois du prochain scrutin, pour montrer à leurs électeurs respectifs qu’ils sont inflexibles sur leurs positions de principe”, estime Philippe Martin pour L’Avenir. “Et tant pis si ce gouvernement minoritaire s’en sort fragilisé, si les urgences économiques, sociales, budgétaires, climatiques et de mobilité risquent de pâtir de cette inaction programmée. Désormais, ce sont les priorités de chacun, les besoins électoraux propres à chaque parti qui fixent l’agenda politique, au détriment de l’action et des intérêts collectifs”, ajoute-t-il.

Et de conclure: “chacun, à ce stade, tentera de faire croire à l’électeur qu’il sort grandi de l’aventure gouvernementale et de la crise des derniers jours. Mais ce sont les priorités du citoyen qui en prennent un coup.”

“Les mariages de raison se révèlent souvent plus durables que les mariages d’amour. Dans le second, si l’amour disparaît, le couple tangue. Dans le premier, les intérêts communs le pérennisent, en dépit des coups de canif dans le contrat de mariage. Le MR et la N-VA se sont-ils jamais aimés d’amour? Peu probable. En revanche, l’un comme l’autre semblent avoir la conviction que leur destinée, comme leurs intérêts, sont intimement liés”, écrit pour sa part Adrien de Marneffe dans la DH.

“La N-VA a sauté à l’eau mais refuse de brûler le navire. Le MR, de son côté, continue de voir dans la N-VA le partenaire de majorité idéal pour accomplir les réformes auxquelles il aspire. Si le résultat des urnes le leur permet, le couple tentera probablement de recoller les morceaux pour cinq nouvelles années de vie commune”, ajoute-t-il.

Enfin, Christian Carpentier, dans SudPresse, évoque “l’heure des hommes d’Etat”. “Il n’y a pas 36 façons de sortir de la crise majeure déclenchée par le claquement de porte de la N-VA, samedi soir. Il n’y en a que deux: aller revoter ou tenter de faire avec dans les quatre prochains mois qui restent avant la dissolution des chambres. Ne pas reconvoquer les citoyens aux urnes a quelque chose de très interpellant, en démocratie. Mais soyons de bon compte: se lancer dans une aventure électorale dans un climat aussi délétère et sur une thématique aussi délicate que la migration n’est pas la meilleure chose qui soit”, souligne-t-il notamment.

“La seule option réaliste est donc celle de ce gouvernement minoritaire qui n’a rien de glorieux pour les trois partis qui le forment. Il est la preuve noir sur blanc du vrai visage de la N-VA. Il va aussi les condamner à quémander des soutiens de l’opposition, dont celui de la N-VA, sur plusieurs dossiers socio-économiques”, ajoute Christian Carpentier. Selon ce dernier, enfin, “c’est dans ce moment douloureux et dangereux qu’on mesurera vite s’il existe encore des hommes d’Etat, capables de sang-froid et de sens de l’intérêt commun, dans ce pays.”

Belga

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10 décembre 2018 - 08h28
Modifié le 10 décembre 2018 - 15h16