Procès de l’attentat du Musée juif : la défense de Nemmouche demande au jury d’acquitter le principal accusé

Après avoir annoncé depuis le début du procès de grandes révélations sur le dossier de l’attentat du Musée juif, les avocats de Mehdi Nemmouche, accusé de quatre assassinats à caractère terroriste, ont enfin lancé leur plaidoirie dans le cadre du procès, mené à la cour d’assises de Bruxelles. La défense veut tenter de convaincre le jury que son client n’est pas le tireur montré sur les caméras de vidéosurveillance, le 24 mai 2014.

Après les parties civiles et le ministère public, c’étaient désormais au tour des avocats des accusés, Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer de présenter leur plaidoirie. Avant la défense de Nacer Bendrer, ce vendredi, les avocats de Mehdi Nemmouche étaient attendus au tournant, après avoir fait miroiter depuis le début du procès une démonstration implacable de l’innocence de leur client.

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Me Courtoy est entré dans le vif du sujet dès l’entame de sa plaidoirie. Se basant sur le témoignage de la propriétaire de l’appartement que Mehdi Nemmouche a loué en mai 2014, rue Saint-Joseph à Molenbeek-Saint-Jean, le pénaliste a avancé son premier argument qui prouve selon lui l’innocence de son client. “La propriétaire dit un élément capital. Elle croise Nemmouche vers 16h00 le 24 mai 2014. Il vient du sens opposé au Musée juif et, dit-elle, avait trois sacs dont un sac de couchage. Est-ce que le tueur avait un sac de couchage ? Non”, a avancé l’avocat. “Il faut mettre ça en parallèle avec le témoignage de son mari. Il a affirmé qu’il a donné le code Wifi à Mehdi Nemmouche le 24 mai et pas la veille, date à laquelle des recherches sur le Musée juif sont faites à partir de l’ordi ‘de Mehdi Nemmouche on va dire’. Et donc le 23 mai, c’est quelqu’un d’autre qui est dans l’appartement”, a-t-il poursuivi. “Ça prouve donc deux choses: premièrement, la personne qui se trouve dans l’appartement le 23 mai et qui a fait ces recherches sur Internet ne veut pas que du bien à Mehdi Nemmouche. Deuxièmement, cette personne a donc accès à tout : ordi, vêtements etc.”, a ajouté Me Courtoy.

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Le fait que Mehdi Nemmouche n’a demandé le code d’accès au Wifi de l’appartement que le 24 mai alors que des recherches “incriminantes pour lui” ont déjà été faites la veille “prouve que d’autres personnes sont dans l’appartement”, selon Me Courtoy. “Elles font partie des services pour lesquels Mehdi a travaillé”, affirme-t-il. “Elles sont dans l’appartement et ont accès à tout.” Les sacs que l’accusé portait lui avaient été remis rue Piers, à Molenbeek, et il devait les transmettre aux personnes se trouvant dans son appartement, a aussi dit le pénaliste.

“Handicapé linguistiquement”

La vidéo de revendication confirme la théorie du piège, à plusieurs égards, selon lui. “On a trop de preuves, il a fallu travailler pour les sélectionner.” Première preuve pour la défense, la mise en scène de cette vidéo, avec les objets déposés sur des sacs poubelles, n’a été faite que pour laisser des traces. “On y retrouve quatre traces de semelle. Ce sont toutes des semelles gauches. On savait beaucoup de choses sur Nemmouche, pas qu’il était unijambiste”, a ironisé son avocat. Autre élément de défense : la vidéo de revendication en elle-même. “Le type qui revendique est handicapé linguistiquement, il faut huit fautes en cinq minutes. On vous a infligé 15 heures de Mehdi Nemmouche (ses auditions en France, NDLR)”, a-t-il adressé aux jurés. “Et qu’est-ce qu’il en sort ? Il a un français impeccable, ne fait jamais une faute, pas une seule. Conclusion ? Ce n’est pas lui” dans la vidéo. Pour Me Courtoy, le véritable revendicateur serait une personne venue de Paris pour chercher des affaires chez le seul ami connu de Mehdi Nemmouche, dans le nord de la France.

Découvrez notre dossier complet sur le procès de l’attentat du Musée juif de Belgique.

“Nicolas Hénin a menti”

Me Courtoy a aussi continué sa remise en cause des éléments à charge de son client pour la tuerie au Musée juif de Belgique. L’avocat a pointé le témoignage du journaliste français Nicolas Hénin, qui était venu devant la cour d’assises désigner Mehdi Nemmouche comme son geôlier. Le dossier concernant la prise d’otage de quatre journalistes en Syrie sera plaidé en France, a rappelé Me Courtoy. Deux d’entre eux étaient venus dire devant la cour qu’ils avaient reconnu l’accusé comme étant l’un de leurs tortionnaires.

“Si le fait d’avoir été détenu par les dingues de l’État islamique fait de vous une victime, cela ne vous donne pas le droit de venir mentir pour faire condamner un innocent”, s’est emporté l’avocat.
Ce dernier a principalement fait référence aux auditions du journaliste Nicolas Hénin, en mai et juin 2014, soit avant et après les faits. Selon Me Courtoy, un procès-verbal de la DGSI du 30 mai, soit le jour de l’arrestation de Mehdi Nemmouche, indique que les enquêteurs savaient déjà qu’il était le djihadiste connu sous le nom d’Abou Omar. Pourtant, il a été dit que c’était grâce au témoignage du journaliste, le 2 juin, que ce lien avait été fait, a relevé le pénaliste.

“Expert ès mensonge”

Lors de cette audition, Nicolas Hénin, qualifié d’“expert ès mensonge” par l’avocat de la défense, aurait affirmé que Mehdi Nemmouche lui avait dit en Syrie qu’il allait “buter une Israélite”. Il n’aurait donc pas employé le terme “fumer” qui a été souligné par l’accusation comme étant un mot utilisé à plusieurs reprises par l’accusé. Ce terme n’aurait été évoqué que dans une audition suivante, le 3 juin, pour “coller” aux thèses des enquêteurs, selon Me Courtoy. Le journaliste n’avait par ailleurs pas évoqué cette annonce de Mehdi Nemmouche lorsqu’il a été entendu début mai, soit trois semaines avant les faits, a dénoncé l’avocat. “Traitez moi de nazi, de complotiste… tout ce que vous voulez, mais moi je ne manipule pas les dossiers”, a-t-il insisté.

“Pas de revendication, pas d’attentat”

Me Courtoy estime également que l’absence de revendication prouve que la tuerie du Musée juif de Belgique n’était pas un attentat, mais bien une “exécution ciblée d’anciens agents du Mossad”, à savoir les époux israéliens Emanuel et Miriam Riva.

Lorsque l’Etat islamique commet un attentat, elle le revendique dans la foulée, comme à Paris et Bruxelles, a martelé Me Courtoy lors de sa plaidoirie. Les djihadistes de Paris ont eu des articles à leur gloire dans le magazine de propagande de l’EI, mais “Mehdi Nemmouche, qui a quand-même bien ‘mouillé le maillot’, lui, n’a pas eu droit à une ligne, quelle ingratitude!”, a ironisé son avocat. Le but de l’EI, c’est de terroriser, a-t-il insisté, soulignant que même si son “agence de presse” n’existait pas encore, l’organisation disposait des canaux de diffusion suffisants, ce qui lui avait permis de recruter des milliers de candidats au djihad à travers le monde.

Selon Me Courtoy, les vidéos de revendication évoquent Bruxelles – qui serait mise “à feu et à sang” par une série d’attaques – pour détourner l’attention de la véritable cible de la tuerie, à savoir les époux Riva. Il estime également que si Mehdi Nemmouche était l’auteur des faits, il serait étonnant qu’il ait fait preuve de “distraction” en oubliant de glisser une référence aux juifs dans ses revendications, alors que le Français de 33 ans est dépeint comme un “antisémite notoire”.

Me Courtoy affirme que l’identité des Riva a été cachée

“J’ai inventé cette histoire de Mossad ? Non. Un expert israélien en défense a affirmé dans un article du plus grand quotidien d’Israël que selon une source gouvernementale, les Riva avaient été basés à Berlin comme agents du Mossad chargés d’étudier les mouvements chiites”, a exposé Me Courtoy, parlant d’Emanuel et Miriam Riva, le couple de touristes israéliens figurant parmi les victimes de l’attaque au Musée juif de Belgique le 24 mai 2014. “Et comme par hasard le père d’Alexandre Strens est fiché pour ce genre de choses [il était question de participation à des manifestations pro-chiites]”, a-t-il ajouté, évoquant le jeune employé du musée qui figure aussi parmi les victimes.

“L’ambassadeur israélien en Belgique intervient [après l’attaque au Musée juif] et ce n’est qu’après ce contact que la police ‘classique’ a pu connaître l’identité des Riva. Le procès-verbal de ce compte-rendu d’entretien avec l’ambassadeur n’est nulle part, on le sait juste grâce à la greffière de la juge d’instruction”, a poursuivi l’avocat. “Une fois que l’identité des Riva a été connue, ils [les enquêteurs] ont bifurqué sur ‘cacher leur fonction’. C’est au bout de deux ans, le 20 avril 2016, qu’on a pu apprendre que les Riva étaient tous deux fonctionnaires dans les départements comptables des services de l’État. Pourquoi, s’ils étaient de simples comptables, on ne nous le dit pas avant ?”, a questionné Me Courtoy.

Une double identité pour Alexandre Strens ?

L’avocat a continué à jeter le trouble sur les victimes en revenant sur le parcours d’Alexandre Strens. “Son compagnon n’a appris sa véritable identité qu’après plusieurs mois de relation. Pourquoi? Il est parti deux mois dans la famille d’une amie à Tel-Aviv en lui disant qu’il allait dans sa famille à lui. Selon sa sœur, il était actif sur Facebook sur des groupes pro-sionistes alors qu’on nous dit que c’est un grand humaniste.” Et on retrouve sa valise prête alors que tout son entourage dit qu’il n’avait pas de voyage prévu, a pointé Me Courtoy. “Tout ça, c’est des coïncidences”, a-t-il insisté, en répétant le mot qu’il a le plus prononcé depuis le début de la journée. “On nous a parlé d’une enquête ‘au millimètre’.” Pourquoi “n’a-t-on rien fait” de ces coïncidences ?, a interrogé le pénaliste.

L’avocat de Mehdi Nemmouche a enfin évoqué la trace “D13”. Celle-ci concerne une empreinte mixte retrouvée sur la poignée intérieure de la porte du local d’accueil du Musée juif, comprenant entre autres l’ADN incomplet de Mehdi Nemmouche. Plus précisément, l’expert en génétique avait conclu que Mehdi Nemmouche ne pouvait être ni inclus ni exclus comme co-donneur de cette empreinte mixte. “Le ministère public confirme que le repéreur, sur les images de vidéo-surveillance, ne touche pas la porte à cet endroit, donc ce n’est pas ce jour-là que Mehdi Nemmouche aurait pu toucher la porte”, a argumenté l’avocat. “Le tueur non plus, sur les images de vidéo-surveillance, ne touche pas la porte à cet endroit, donc il n’a pas pu y laisser son ADN. Or, il y est ! Je vois un énorme scandale !”, s’est exclamé Me Courtoy, rappelant que les transferts d’ADN étaient possibles et qu’on a “mis une preuve” pour incriminer son client.

L’avocat a poursuivi dans la thèse du complot dirigé contre Mehdi Nemmouche, déclarant notamment qu’il devait “se battre contre l’État qui est tout puissant, qui a tous les moyens”, décrivant cette fois les enquêteurs comme les “chasseurs du camp d’en face”.

Revoir l’entièreté de l’interview de Me Courtoy

 

■ Duplex et reportage de Camille Tang Quynh et Thierry Dubocquet, avec Sabine Ringelheim.

Revivez cette journée d’audience au Palais de justice de Bruxelles

18h20 – Fin de la plaidoirie

Pour conclure, l’avocat de Mehdi Nemmouche demande au jury de repenser, “dans 10 ans”, au fait d’avoir été juge dans ce procès : “Jugez bien pour ne pas regretter d’avoir condamné à vie un innocent”.

L’audience reprendra ce vendredi à 9h00 avec la défense de Nacer Bendrer.

18h18 – “Terrorisme d’État”

Me Courtoy affirme que ce dossier est en fait “du terrorisme d’État” et parle d’hommes actifs en France et en Belgique qui auraient donc utilisé Mehdi Nemmouche. “Mehdi, quand il part à Marseille, espère que Bendrer pourra le protéger et lui trouver une planque. C’est pour ça qu’il a le revolver sur lui pour se protéger”, lance-t-il.

18h12 – “Double jeu”

Me Courtoy continue sa démonstration autour de Mehdi Nemmouche. Il explique que ce dernier est passé par le Liban avant d’aller en Syrie. Il affirme qu’Abou Omar (ou Mehdi Nemmouche) évitait les “Beatles”, des djihadistes britanniques connus pour leur cruauté, parce qu’il jouait “un double jeu”. Mehdi Nemmouche a ensuite “disparu des radars” et “est allé en Asie”. Pourquoi ? “Peut-être pour certaines choses”, dit Me Courtoy. “On lui dit ensuite de revenir en Europe, mais il a peur de se faire arrêter. Mais il est quand même passé”, affirme-t-il.

“Chez Laurie Stehle, il n’a plus un rond. Puis il loue un superbe duplex”, insiste l’avocat, sans dire comment son client a obtenu cet argent. “Mehdi Nemmouche devait souvent quitter son duplex, c’est pour ça qu’il avait son sac de couchage”.

“Il y a une pléthore de preuves indirectes contre Mehdi Nemmouche dans cet appartement à Molenbeek. (…) L’ordinateur est utilisé par d’autres personnes. Ces autres personnes se sont servies de lui. Il avait le profil idéal”, affirme-t-il encore.

18h07 – Pourquoi Nemmouche ne parle pas

Me Courtoy affirme que “Mehdi Nemmouche aurait été condamné avant même d’être entré dans la salle” s’il avait fait face à un jury de professionnels et dit “merci” d’avoir “la chance d’être face à un jury populaire”. “Cela fait cinq ans qu’on attend, et on aurait fait les choses autrement si on avait été traité d’une autre manière”, clame-t-il encore.

Il révèle pourquoi Mehdi Nemmouche n’a pas souhaité parler durant longtemps : “Il a un rapport très particulier avec sa grand-mère. Elle est son seul amour et sa seule préoccupation. (…) Mehdi a été un type radicalisé en prison. Radicalisé parce que la prison, c’est le système : c’est un groupe de personnes qui décide qu’une autre personne va dans un trou. Le mec qui vit ça ne le vit pas forcément bien. Surtout que, quand il sort, c’est toujours la même galère.”

Me Courtoy part ensuite dans des longues explications autour de la situation géopolitique en Syrie, la comparant à la situation au Liban dans les années 80, puis balance, entre deux arguments, que Didier François n’est en fait pas journaliste mais agent de la DGSI, les services français.

17h56 – Périmètre de sécurité

Me Courtoy estime donc que Mehdi Nemmouche a été piégé et que cette “preuve D13” a été créée. “Est-ce que cette trace a été laissée avant ou après ? Je ne sais pas, je n’y étais pas”, répond-il toutefois. Il affirme ensuite que l’un des membres de la police scientifique qui s’est occupé de collecter les ADN sur la porte n’a pas été noté comme entré dans le périmètre de sécurité, le jour des faits. “Ce périmètre de sécurité était une vraie passoire”, affirme-t-il.

17h49 – La trace d’ADN D13

Me Courtoy revient à la charge contre les procureurs et parties civiles, et estime qu’il y a “des chasseurs dans la salle qui scrutent chacune de nos paroles”. “Et nous, nous avons nos petits cerveaux face à l’État tout puissant”, lance-t-il. “Cela fait cinq ans qu’on se bat en silence pour prouver l’innocence de cet homme derrière nous”.

“Dans l’acte d’accusation, je vois un scandale : page 9, le tueur touche la poignée de la porte. Et page 158, on vous parle d’ADN, et on vous parle d’une trace D13, qui a une grande probabilité qu’il s’agit de l’ADN de Mehdi Nemmouche, sans vous dire où elle a été trouvée“, affirme l’avocat de la défense. “Souvenez-vous, l’avocat général a dit qu’il avait été vérifié avec le parquet la trace D13 et que le tireur n’avait pas touché cet endroit. Vous confirmez que vous l’avez dit ?”, demande-t-il à l’avocat général, qui confirme. Me Courtoy fait alors un geste de victoire, visiblement heureux de cette confirmation.

Me Courtoy explique que l’avocat général a confié que la personne qui a repéré le Musée juif la veille n’a pas non plus touché l’intérieur de la porte, soit cette fameuse trace D13. “Le tueur n’a pas pu laisser de trace à cette endroit D13, le repéreur non plus, mais il y a bien une trace de Mehdi Nemmouche !”, clame Me Courtoy. “J’espère que tout le monde a compris quand on dit qu’il a été piégé”.

17h37 – L’audience reprend

Après cette nouvelle pause, on passe à la fin de la plaidoirie de Me Sébastien Courtoy. Cela risque encore de durer une demi-heure à une heure, selon l’avocat.

17h15 – Explosif

Me Courtoy estime que les armes de Mehdi Nemmouche étaient sur lui “pour se protéger”, non pas contre la police mais contre d’autres personnes. “On vous expliquera plus tard”, affirme-t-il. Il revient encore sur le fait que Mehdi Nemmouche était décrit comme quelqu’un “de très poli et très courtois” lors de son arrestation dans le bus à Marseille. Il affirme encore que Mehdi Nemmouche, qui pense alors être surveillé, pensait bien qu’il y avait un explosif dans la soute à bagages : “C’est pour cela qu’il prévient la police en disant qu’il y a un explosif dans le bus”.

L’audience est de nouveau suspendue pour une pause.

17h11 – “Il ne peut pas tuer”

Me Courtoy revient sur le fait que Mehdi Nemmouche est traité un temps de “machine de guerre qui a combattu en Syrie”, et dans un autre temps de “lâche, qui se laisse arrêter par un douanier à Marseille”. Il estime que Mehdi Nemmouche s’est laissé arrêter car il était “recruté par des services iraniens et libanais. J’aurais aussi été rassuré si j’avais été arrêté”, lance-t-il l’avocat. “Mehdi Nemmouche n’a pas tiré lorsqu’il a été arrêté à Marseille car il ne peut pas tuer un autre être humain, point à la ligne”.

17h05 – Revolver

Me Courtoy revient sur le fait que le revolver n’a tiré que cinq projectiles, alors que l’acte d’accusation évoquait six tirs, avec un projectile “qui a pu se loger on ne sait où dans le musée”, ironise l’avocat. “On nous a ensuite dit que le tireur avait prévu de ne mettre que cinq balles dans son barillet. Vous connaissez beaucoup de terroristes qui ne vont pas charger à fond leur revolver pour tirer ? (…) En plus, avec Mehdi Nemmouche, on a retrouvé six balles dans le barillet lors de son arrestation.”

16h55 – Grand Rabbin

Me Courtoy s’attaque désormais à un avocat de la famille Riva. Il explique que ce dernier a demandé le témoignage de deux personnes dont le Grand Rabbin de Belgique. Il s’étonne de demander ce genre de témoignage, ironisant en expliquant qu’il ne “demande pas de rencontrer l’archévêque quand je vais à Malines”. Il estime que c’est “une technique de manipulation” de la part des parties civiles.

16h47 – Entrée du musée

Selon Me Courtoy, Emanuel Riva, “passionné de sionisme et amoureux de judaïsme”, a quitté rapidement le Musée juif sans même découvrir les expositions : “C’est étonnant, il a rencontré Alexandre Strens puis il ressort et attend devant un présentoir”, clame-t-il. “On nous a dit qu’ensuite, Emanuel Riva a été dans la cour parce qu’il n’avait pas vu où était l’entrée. Alors qu’il y a une flèche qui indique l’entrée au milieu du couloir. Encore une coïncidence”, ironise-t-il.

Il affirme encore qu’Emanuel et Miriam Riva “n’envisagent pas d’acheter un ticket” et s’étonne donc de leur discussion avec Alexandre Strens. “Il y a aussi une autre possibilité : ils sont peut-être censés ne pas se connaître. Mais l’histoire ne tient pas”.

16h39 – Nemmouche

Me Courtoy explique encore que l’attaque n’a duré que “80 secondes” et nie le fait que cela puisse être un attentat de l’État Islamique: “Quand l’EI vient, le terroriste va jusqu’au bout. Ici, non. Exécution, exécution, exécution puis il part. (…) Et il ne crie pas Allah Akbar, comme dans les autres attentats islamistes”, clame-t-il. Il affirme encore que l’accusation a “caché l’histoire du Mossad” aux jurés.

L’avocat parle ensuite de la personnalité de Mehdi Nemmouche et estime que ce qu’on sait de lui, notamment le fait qu’il a été “serré comme une merde après une tentative de braquage” voici plusieurs années, confirme qu’il ne peut être le tueur du Musée juif, “celui qui tue des agents du Mossad puis qui s’en va tranquillement en sifflant dans les rues de Bruxelles, avec ses sacs sous le bras”.

16h29 – Reprise de l’audience

Me Courtoy reprend sa plaidoirie après cette nouvelle pause. Il revient sur la fusillade, et estime qu’un acte terroriste doit se faire “avec des explosifs” ou “en défouraillant son arme dans la foule et en tirant sur tout ce qui bouge”. Et donc que cette fusillade du Musée juif ne serait pas un attentat.

Il s’étonne ensuite du fait que le tireur est venu avec un “revolver 6 coups”, alors qu’il a également une Kalachnikov dans le sac qu’il transporte. Il explique également que Mehdi Nemmouche n’a pas d’ADN sur la détente du revolver, alors que le tireur est vu en train de tirer avec ce revolver sur les images de vidéosurveillance.

L’avocat estime également que les assassinats avec ce revolver sont “un acte lâche” : “Pourquoi le tireur ne tire pas avec la Kalachnikov ? Parce que c’est réalisé par un professionnel : on tue ce qu’on vise avec le revolver puis on garde la Kalachnikov pour la fuite”.

16h02 – Nouvelle pause

Le jury demande une pause, Me Courtoy annonce qu’il terminera seul la plaidoirie ensuite. Me Laquay et Me Taelman, les autres avocats de Mehdi Nemmouche, ne parleront donc pas aujourd’hui.

15h58 – Appartement de la rue des Minimes

Me Courtoy évoque ensuite un appartement loué à une cinquantaine de mètres du Musée juif, dans la rue des Minimes. Il explique que des devoirs complémentaires qu’il avait demandé sur cet appartement ont été refusés par la présidente de la cour d’assises.

L’avocat affirme que cet appartement avait été loué, “sous une fausse identité” par une femme dont le mari était connu pour des soupçons de terrorisme. Il explique que le bail a duré jusqu’en avril, car ces personnes avaient “ensuite un duplex à Molenbeek”, soit l’appartement de Mehdi Nemmouche selon l’avocat.

15h50 – Touristes

Me Courtoy appuie encore le fait que les époux Riva n’étaient pas des touristes à Bruxelles, arguant qu’une seule photo devant le Manneken Pis a été retrouvée et que le couple gardait tous leurs tickets.  L’avocat s’étonne ensuite du fait que les époux Riva auraient imprimé deux itinéraires pour aller de leur hôtel bruxellois jusqu’à un magasin Lidl.

Il part ensuite dans une théorie étonnante : il signale qu’Emanuel et Miriam Riva sont notamment passés par la station de métro Erasme. Or, selon lui, les deux dossiers volés chez Me Lurquin sont ceux de Mehdi Nemmouche et de… la mort du Dr Wybran, tué sur le parking d’Erasme.

15h42 – Hôtel des Riva

Me Courtoy revient ensuite sur les caméras de surveillance de l’hôtel où les époux Riva séjournent. Il se demande pourquoi la juge d’instruction ne demande les images de vidéosurveillance venant seulement de la caméra de la réception “et non du bar aussi”. Il signale le fait qu’il manquerait plusieurs plages-horaires de cette caméra de surveillance : “On nous dit que le matériel est vieux. Parfois il enregistrer puis non… Et si vous ne croyez pas cette version, c’est que vous êtes un complotiste. (…) Nous savons que les Riva étaient suivis, et qu’ils ont peut-être rencontré ces personnes dans les bars d’hôtel à Bruxelles. Mais les enquêteurs n’ont jamais rien vérifié”.

Il s’étonne aussi du fait que la perquisition menée dans la chambre des Riva n’a donné comme résultat que “la prise d’une brosse à dents”. Puis il se demande comment cela se fait-il qu’Emanuel et Miriam Riva ont été “dans quatre hôtels différents dans la même journée”.

15h36 – L’alarme

Me Courtoy revient sur l’alarme du Musée juif qui serait désactivée le jour des faits, selon l’avocat. Dans un P.-V. de 2015, la société de sécurité qui gère l’alarme du Musée juif confirme ne pas avoir reçu de notification le 24 mai 2014, malgré le fait que Dominique Sabrier semble avoir atteint le bouton, dit l’avocat.

Me Courtoy signale avec des auditions menées en 2015, toujours, que l’alarme a fonctionné dix jours auparavant. Mais alors, comment l’alarme a-t-elle été éventuellement désactivée ? “Bah, je ne sais pas”, répond l’avocat de Mehdi Nemmouche. Mais il affirme qu’il doit être simple “pour des personnes qui craquent un wi-fi, de désactiver une alarme et d’ensuite craquer le code d’un digicode pour prendre la porte à l’arrière du Musée juif”, afin d’accéder au reste du musée.

Comme en matinée, Me Courtoy lance ses arguments l’un après l’autre, sans véritable fil conducteur. En parlant, pour résumer sa pensée, de “combines”, de “photos trafiquées”, de “faux témoignages”…

15h24 – Alexandre Strens

Le conseil de Mehdi Nemmouche s’étonne que le compagnon d’Alexandre Strens ne savait pas à quoi cette valise allait pouvoir servir. Il s’étonne également du fait que le téléphone d’Alexandre Strens ou celui de Miriam Riva n’ont pas été analysés.

Il signale ensuite qu’une seule des huit frères et sœurs d’Alexandre Strens aurait pu venir à l’audition, mais elle n’est pas venue, pas plus que le compagnon d’Alexandre Strens. “Coïncidence ?”, répète-t-il encore… Il indique ensuite que le père biologique d’Alexandre Strens, “fiché par la Sûreté de l’État, a disparu de la circulation en 1992”. “C’est très spécial”, dit Me Courtoy.

15h17 – Alexandre Strens

L’avocat de Mehdi Nemmouche s’étonne encore, concernant les époux Riva, qu’ils sont partis à la retraite à 51 et 52 ans “alors que la retraite en Israël est à 67 ans”.

Il s’attaque ensuite à Alexandre Strens, dont il dit qu’il avait deux identités, dont une “pour faire des rencontres”. Il revient sur le fait que son compagnon a confirmé qu’Alexandre Strens lui avait donné une fausse identité durant plusieurs mois, en tant qu‘”Alexandre Lieder”. Il confie qu’Alexandre Strens est parti deux mois à Tel-Aviv pour des raisons différentes, selon son compagnon ou sa famille. “Il a ensuite été engagé au Musée juif à son retour. J’observe”, ironise-t-il. “On voit que comme par hasard, une valise toute rangée est sur son lit le jour des faits”, affirme l’avocat, qui se demande pourquoi il souhaitait partir alors qu’il devait signer son nouveau contrat au musée quelques jours plus tard. “C’est peut-être une coïncidence”, répète-t-il encore.

15h11 – “Patriote”

Me Courtoy s’étonne du fait que Miriam Riva a été honorée après sa mort par le Premier ministre israélien comme “une grande patriote”. “Une grande patriote, ça veut dire quoi ? Qu’elle était une grande comptable ?”, lance-t-il. Il répète encore aux jurés qu’il a demandé de nombreux témoins israéliens pour des auditions, dont le directeur du Mossad, mais que ces témoins ont été refusés par la présidente de la cour d’assises.

Il affirme encore qu’une cousine d’Emanuel Riva a expliqué que ce dernier était “vice-consul de Berlin”. Il n’indique toutefois pas où et quand elle a dit ça.

15h07 – Israël

Me Courtoy affirme qu’Israël n’a donné des informations sur les anciennes fonctions des époux Riva que “deux ans après les faits”. L’avocat estime que l’état israélien n’a pas répondu aux questions des enquêteurs belges autour des occupations d’Emanuel et Miriam Riva jusqu’en 2016 : “Ils ont juste répondu qu’ils étaient fonctionnaires d’État, dans les départements comptables des services de l’État. Pourquoi on ne nous dit pas qu’ils ne sont pas comptables du Mossad ?”

“Tout ce qu’a dit la presse israélienne est vrai. On ne fait que dire ce que plusieurs experts ont dit dans la presse en Israël”, répond encore Me Courtoy. “Ils ne veulent pas que vous puissiez croire à ces informations, qui sont considérées comme données par des antisémites, car cela voudrait dire que vous êtes aussi des antisémites si vous croyez à ces informations”.

15h01 – Identification des victimes

L’avocat de Mehdi Nemmouche revient encore sur cette pièce selon laquelle un commissaire aurait été avisé qu’il ne pouvait pas connaître l’identité des victimes. Me Courtoy affirme encore qu’un des enquêteurs qui a été auditionné et interrogé sur cette pièce, a menti sous serment en expliquant que l’identification de ces victimes avait juste pris du temps.

L’avocat affirme encore que les noms des Riva n’ont pu être cachés longtemps “en raison de la pression médiatique et des nombreux témoins sur place”, mais que la fonction des époux a ensuite été cachée.

Il estime également qu’il manque le compte-rendu d’une rencontre entre la juge d’instruction et l’ambassadeur d’Israël : “Normalement, la loi veut que la greffière avec la juge d’instruction fasse le compte-rendu de tout ce qu’il se passe !”

14h55 – Mossad

Me Courtoy revient sur la théorie d’une exécution menée par le Mossad. Il cite un journal israélien, qui a interrogé un expert israélien en défense : “Cet expert affirme qu’une source gouvernementale lui a expliqué que les époux Riva étaient liés au Mossad, et étaient chargés à Berlin de surveiller les mouvements chiites. (…) La Sûreté de l’État a affirmé que c’était faux, mais la source israélienne est sérieuse. (…) On découvre quand même que le père d’une victime (Alexandre Strens) est justement fiché à la Sûreté de l’État pour cette surveillance des mouvements chiites. Une coïncidence, encore ?”

14h50 – Fusillade

Me Courtoy estime qu’on ne peut pas considérer cette fusillade comme un attentat : “Si je veux mettre Bruxelles à feu et à sang, je vais 50 mètres plus loin au Jazz Festival Marathon où il y a une centaine de personnes et même un vice-Premier ministre”, affirme-t-il. “Et si je veux viser la communauté juive, je ne vais pas aller dans ce musée, un samedi après-midi. Les trois-quarts des personnes qui travaillent dans cet endroit ne sont même pas juives. Et alors qu’il y a la synagogue là-bas plus loin ! Le tireur avait plus de 290 munitions”.

14h45 – Contact

Me Courtoy nie le fait que Mehdi Nemmouche n’a eu aucun autre contact que Nacer Bendrer depuis son retour en Europe en 2014. “Vu qu’il est manipulé, ceux qui le manipulent et qui ont des contacts avec lui sont de l’autre côté”, estime l’avocat.

14h38 – L’audience reprend

L’audience reprend pour cet après-midi. Me Courtoy, qui a mené une mini-conférence de presse après sa matinée de plaidoirie, a annoncé qu’il était “au milieu de sa plaidoirie”. Il va donc poursuivre désormais.

12h59 – Pause

L’audience est suspendue pour la pause de midi. La reprise est prévue pour 14h30.

12h55 – “Antisémite”

Me Courtoy affirme que le premier attentat de l’État Islamique date du 22 octobre 2014, lors d’une fusillade à Ottawa. L’avocat estime donc que cette fusillade n’est pas un acte terroriste de l’État Islamique.

Il nie ensuite le fait qu’il s’agit d’un acte antisémite, estimant qu’il n’y a aucun “élément antisémite” dans les vidéos de revendications ou sur le drap retrouvé dans l’appartement de Molenbeek. “C’est une coïncidence, la part des anges”, ironise-t-il encore. Il estime qu’il n’y a aucune raison de viser Bruxelles, et que cela confirme qu’il s’agit d’assassinats ciblés.

12h53 – Coalition

Me Courtoy revient sur une interview de Me Masset, avocat du Musée juif, selon laquelle le Musée juif aurait été visé car il s’agit “d’une institution belge, pour se venger du fait que la Belgique fait partie de la coalition internationale contre l’État Islamique”. L’avocat de Mehdi Nemmouche signale que la Belgique rejoint cette coalition en septembre 2014 et que la coalition a été créée en juillet.

Me Courtoy règle ses comptes avec les parties civiles et les procureurs durant cette plaidoirie.

12h48 – Revendication

Me Courtoy revient, un à un, sur chaque explication selon laquelle l’attentat du Musée juif n’a pas été revendiqué pour une raison particulière. Il s’étonne du fait que “cela fait cinq ans qu’on attend la revendication de l’État Islamique”.

12h37 – État Islamique

Me Courtoy explique que l’attentat du 22 mars 2016, à Zaventem et à Maelbeek, a été revendiqué l’après-midi même par l’État Islamique. Il montre qu’un magazine de propagande de l’EI a accordé six pages de biographies des auteurs de cet attentat. “Quelle manque de reconnaissance pour Mehdi Nemmouche ! Lui n’a même pas droit à une ligne, pas une seule revendication”, ironise-t-il. “Quand on fait un attentat et qu’on revendique, c’est pour montrer la terreur, c’est pour dire à la population que l’État Islamique doit faire peur”.

12h31 – “Coïncidence”

Me Courtoy affirme que les Riva étaient dans un hôtel, dans lequel les caméras de vidéosurveillance ne fonctionnaient plus à un certain moment. Il ironise sur le fait qu’il s’agirait d’une nouvelle “coïncidence”, comme ses autres arguments.

12h28 – Revendication et victimes

Me Courtoy parle de nouveau des revendications, et parle du fait que l’État Islamique n’a pas revendiqué cette fusillade du Musée juif. Il affirme que “la Belgique a soutenu l’État Islamique” et que “Bachar al-Assad a renvoyé ces petits radicalisés chez nous pour tout faire péter chez nous comme on a tout fait péter chez eux”. “Avec la complicité du parquet fédéral”, affirme-t-il.

“Le fait qu’il n’y ait pas eu de revendication de l’EI, cela prouve qu’il ne s’agit pas d’un attentat”, lance-t-il encore. “Une fusillade dans laquelle meurent une comptable des services de renseignement israéliens, anciennement envoyée au consulat de Berlin, dont l’état israélien refuse de donner des informations sur son employeur; un comptable du Nativ, accusé d’espionnage par plusieurs pays, dont la cousine aurait été vice-consul au consulat de Berlin; et un homme qui vit sous fausse identité israélienne, au point de faire croire à son petit ami sa fausse identité. Ils se rencontrent comme par hasard au Musée juif et ils meurent tous”.

12h22 – Violences en Syrie

Me Courtoy dénonce encore les témoignages des ex-otages français en Syrie et affirme qu’ils ne sont pas venus à quatre, mais seulement à deux, pour éviter qu’il y ait “des contradictions”. Il s’étonne des déclarations des deux autres ex-otages qui disent pour leur part ne pas avoir été victimes de coups de la part d’Abou Omar. “Moi, je les appelle journalistes et plus otages”, lance-t-il encore à l’adresse de Nicolas Hénin et Didier François. Il montre encore les notes de Didier François et affirme qu’une phrase a été mise en gras : “Abou Omar ne m’a pas frappé”.

12h15 – Connexions

Après s’être à nouveau énervé sur les procureurs, Me Courtoy dénonce la thèse de Me Hirsch selon laquelle Mehdi Nemmouche aurait été missionné par Abaaoud car il y a eu des connexions vers le site du Musée juif depuis la Syrie ou la Chine. “Non, c’est archi-faux, c’est depuis la Turquie”, lance-t-il. “Et la Chine ? Il y a un milliard de personnes là-bas et on découvre une connexion ! (…) J’ai été vérifié : il y a 62 pays qui se sont connectés sur le site du Musée juif durant cette période. Il y en a qui se sont connectés depuis le Brésil, la Côte d’Ivoire… Voilà le genre de flan sur lequel on tente de faire condamne un homme”, affirme-t-il.

12h09 – Terrorisme

Me Courtoy revient sur le fait que Nicolas Hénin annonçait en 2015 qu’Abou Omar (soit Mehdi Nemmouche selon lui) aurait été nommé pour un futur attentat. L’avocat estime pour sa part qu’il y a “plusieurs Abou Omar”, comme Abaaoud, qui se nommerait également “Abou Omar”.

L’avocat revient ensuite sur l’épisode de la prison de Bruges, dans laquelle Mehdi Nemmouche a dit à Salah Abdeslam les noms des terroristes de Bruxelles, le 22 mars 2016, dont les photos passaient à la télévision. Il affirme que Nemmouche ne pouvait pas connaître les frères El Bakraoui vu qu’ils n’étaient “pas radicalisés” au moment de l’arrivée en prison de Mehdi Nemmouche.

12h04 – ADN et les armes

L’avocat de Mehdi Nemmouche évoque ensuite l’ADN sur les armes. “Il est quand même important de savoir si le tireur avait des gants. Car l’ADN de Mehdi Nemmouche retrouvée sur la détente prouve alors son innocence si le tireur avait des gants”, lance-t-il. Il s’étonne encore des explications des experts selon lesquelles on peut laisser parfois de l’ADN ou parfois pas. “L’ADN est accablante s’il y en a et ce n’est pas grave s’il n’y en a pas”, clame-t-il encore.

Et comme il l’a déjà fait à trois reprises, Me Courtoy s’arrête parce qu’il y aurait selon lui des commentaires de la part des procureurs ou du public dans la salle d’audience.

11h54 – “Manipulation”

Me Courtoy arrive dans le procès avec… une autre affaire : celle d’un diplomate iranien arrêté pour avoir voulu faire exploser une bombe avec du TATP dans une manifestation de près de 10.000 opposants au régime iranien en France. “On voulait faire porter le chapeau sur les sunnites, qui utilisaient ce TATP”, lance-t-il, pour faire un parallèle avec sa défense dans ce procès, selon laquelle Mehdi Nemmouche a été piégé. Encore une fois, cet élément arrive au milieu d’autres arguments, sans autre lien.

“Des personnes manipulent d’autres personnes pour faire porter le chapeau à Mehdi Nemmouche”, lance-t-il encore.

11h47 – Trafic

Me Courtoy revient sur son histoire de trafic de voitures. “Évidemment, le carrossier de Bendrer n’a pas dit aux policiers qu’il faisait du trafic de certificats d’immatriculation avec Mehdi Nemmouche, jugé comme terroriste”, affirme l’avocat. “Cela explique tous ces contacts téléphoniques entre Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer. Car si Nemmouche avait demandé des armes à Bendrer, traficant d’armes, il aurait donné des armes, il en a plein”.

11h44 – Fin de la pause

L’audience reprend, Me Courtoy va reprendre sa plaidoirie.

11h18 – Organisation

“Comme je vous l’ai dit, Mehdi Nemmouche a été utilisé”, affirme encore l’avocat de l’accusé. “À un moment, il veut quitter cette organisation. Il arrive le 18 mars en Europe, il va chez Laurie Stehle le 20 mars pour voir Imed Hassani, son grand pote qui est en fait en prison, et qui fait du trafic de voitures. Pour avoir de l’argent, Mehdi Nemmouche sait qu’il doit faire ce genre de combines. C’est par la suite qu’il va donc prendre contact avec Mounir Attalah, qui mène aussi ce genre de trafic de voitures. Et il va alors être mis en relation avec Nacer Bendrer.”

Me Courtoy ne peut toutefois pas poursuivre son argumentation, la présidente de la cour d’assises demande une pause pour permettre au jury de respirer.

11h13 – Origine des armes

Me Courtoy s’étonne auprès des procureurs que Nacer Bendrer est passé du statut de co-auteur à celui de complice.

Il évoque ensuite l’origine des armes de la fusillade du Musée juif. “Friga est venu dire qu’il n’y a jamais eu de revolver dans cette histoire avec Bendrer. Il vient innocenter Nacer Bendrer et, en prime, Mehdi Nemmouche”, lance-t-il. “On accuse Bendrer d’être un trafiquant d’armes mais on ne trouve pas son ADN dans les armes”.

11h07 – Nacer Bendrer

Nacer Bendrer est désormais dans le viseur de Me Courtoy. “Faire tomber Nacer Bendrer, ce n’est pas difficile. Il a des casseroles partout, il a des armes partout. Ce type-là, on peut le faire tomber à vie”, explique-t-il. “Et ce type, on le met en isolement. On ne mettrait pas un animal là-dedans, c’est pire qu’un zoo ! (…) On ne torture plus chez nous, mais on fout des types 15 mois à l’isolement…”

“Et finalement, il trouve un accord tacite, que personne n’a signé. Je le comprends ce garçon, d’accepter de raconter n’importe quoi pour échapper à cette situation”, affirme Me Courtoy, qui avait déjà évoqué cette théorie selon laquelle Nacer Bendrer a obtenu un accord pour faire tomber Mehdi Nemmouche.

10h58 – “Le puits de lumière”

Me Courtoy repart sur sa théorie des images de vidéosurveillance qui auraient été trafiquées. “On efface tout sur ce disque dur du Musée juif qui contient les images. Car il faut rendre le disque dur au président ? Non mais allez”, clame l’avocat. “La police avait sa copie de travail des images sur un DVD. Or, l’enquêteur garde ce DVD durant sept mois. Est-ce toujours le même DVD ?”, lance-t-il. “Comment expliquer qu’une image le montre avec des lunettes de soleil puis non ?”

“On vous explique qu’il y avait peut-être un puits de lumière qui auraient fait disparaître les lunettes”, explique l’avocat. “Et par un mécanisme de projection dans l’espace-temps, des yeux apparaissent”, ironise-t-il. “Tout ça grâce au puits de lumière ! (…) C’est la première fois que j’entends qu’à cause de la lumière, on ne voit plus un objet. Pourtant, l’objet existe encore ! Pourtant, tout le visage du tueur devrait être ébloui. Mais on n’a pas ça ici…”

10h50 – “Personne ne l’a reconnu”

“Personne n’a reconnu Mehdi Nemmouche”, lance encore Me Courtoy. “Va-t-on condamner un homme que personne n’a reconnu ? On a tout entendu sur la description de cet homme. (…) Si on ne travaillait pas un peu, vous ne l’auriez pas su. Vous voyez à quoi ça tient la vie d’un homme”, répète-t-il.

Il affirme que les témoins peuvent se tromper au niveau de la physionomie. “Parce que des types de type européen, arabe, méditerranéen, libanais, turc ou je ne sais quoi de 1m70 à 1m75, on peut ouvrir des stades, et on va régler cela à la chilienne”.

10h43 – Témoignages

L’avocat de Mehdi Nemmouche parle désormais des témoignages et auditions entendues durant l’ensemble de ce procès. Il s’étonne notamment du fait que plusieurs témoins n’ont pas reconnu Mehdi Nemmouche dans cette cour d’assises. Il affirme aussi que le témoignage de la dame qui affirme avoir vu le tireur du Musée juif à l’école Saint-Jean-Berchmans quelques minutes après la fusilladen est “confus”.

Me Courtoy se dit aussi surpris par le témoignage d’une témoin, qui explique que le tireur est “un type avec des cheveux bruns”, “de près de 40 ans, de type européen” et qui dit reconnaître Mehdi Nemmouche. “C’est comme si je disais que le tireur est un type chauve et que je dis que c’est toi”, lance-t-il en montrant son confrère Me Laquay. Il dénonce encore le fait que cette témoin affirme que le tireur avait un couvre-chef, puis, trois heures plus tard, a dit le contraire. “Et cinq ans plus tard, elle nous dit qu’elle le reconnaît, c’est lui !”

10h36 – Chaussures classiques

Me Courtoy affirme encore qu’on n’a pas retrouvé chez son client les “chaussures classiques”, décrites par Laurie Stehle lors de la visite de Mehdi Nemmouche le 20 mars chez elle. “Tout simplement parce que ce n’est pas le tireur”, lance-t-il.

10h34 – Chaussures

Me Courtoy affirme encore que dans les chaussures retrouvées sur Mehdi Nemmouche et dans l’appartement, on retrouve deux paires avec deux pointures de différence. “Est-ce que vous achetez souvent des chaussures avec deux pointures de moins ? Non, ça me ferait mal aux pieds…”, dit-il. Il parle ensuite des vêtements, puis de la cellule en prison… Bref, l’avocat de Mehdi Nemmouche parle d’un élément puis d’un autre, sans vraiment mener de suite logique.

 

10h29 – ADN dans les chaussures

Me Courtoy parle désormais des chaussures Calvin Klein retrouvées sur Mehdi Nemmouche. “On trouve l’ADN d’un autre type dans ces chaussures”, affirme l’avocat. “On nous affirme que c’est un type qui avait essayé les chaussures avant, en magasin. Mais Mehdi Nemmouche a été retrouvé avec les Calvin Klein le 30 mai, alors qu’il les a achetées en mars ou en avril. Et Mehdi Nemmouche qui court en après-midi, en plein mois de mai, sous le soleil, avec deux sacs, ne laisserait pas assez d’ADN pour effacer l’autre ADN qui daterait d’un mois et demi ?”

Selon Me Courtoy, l’autre possibilité est que l’ADN retrouvée vient du tireur, qui serait donc l’autre personne de l’appartement de Molenbeek.

10h21 – “Mentir”

Me Courtoy affirme encore que Nicolas Hénin a “profité de sa sacralité de victime pour venir mentir” lors de ce procès. “‘Il m’a dit qu’il allait buter une Israélienne’, affirme Nicolas Hénin dans son audition du 2 juin 2014. Il ment donc !”, affirme l’avocat. “Le lendemain, il vient dire que Mehdi Nemmouche lui ai dit ‘fumer une petite juive’, alors que Mehdi Nemmouche a dit lors de son audition du 2 juin le mot ‘fumer'”.

10h15 – Otages

Après s’être emporté contre l’avocat général et le procureur fédéral, estimant qu’ils “parlent pendant la plaidoirie, je n’ai pas besoin d’un Muppet Show derrière moi”, Me Courtoy revient sur le témoignage des ex-otages en Syrie, estimant qu’ils ne peuvent être objectifs vu qu’ils sont en procès avec Mehdi Nemmouche pour cette captivité en Syrie. “Est-ce qu’ils disent la vérité quand ils affirment qu’ils reconnaissent la voix de Mehdi Nemmouche ? Un P.-V. de l’ancienne DGSI du 30 mai 2014 montre que le commandant signalait que Mehdi Nemmouche était Abou Omar. Ils estiment donc déjà le 30 mai que Mehdi Nemmouche est Abou Omar. Et le 2 juin 2014, Nicolas Hénin (ex-otage), expert ès mensonges, explique qu’il regarde la télévision et qu’il voit un type, Mehdi Nemmouche, qu’il reconnaît comme Abou Omar”, dit Me Courtoy. “Et il vient nous dire ensuite qu’il a reconnu Mehdi Nemmouche à la voix”.

10h10 – Revendication

Me Courtoy affirme que les vidéos de revendication sont bidons et que c’est pour cela que l’État Islamique (EI) n’a pas revendiqué l’attentat. “L’acte n’est pas bidon malheureusement, mais la revendication est bidon”, clame-t-il.

L’avocat revient ensuite sur les expertises vocales de Mehdi Nemmouche et leur comparaison avec la voix entendue dans les vidéos de revendication. Il affirme que les notes de l’expert confirment que les résultats sont négligeables et ne peuvent être considérés comme fiables.

10h04 – Français

Me Courtoy revient sur les vidéos des auditions de Mehdi Nemmouche et affirme qu’il parle “un français impeccable” alors que l’homme qui parle dans les vidéos de revendications est “un handicapé linguistique. Il fait huit fautes par phrase”. Il signale ensuite les fautes d’accord de l’homme dans les vidéos de revendication : “Conclusion : ce n’est pas Mehdi Nemmouche qui parle”.

10h00 – Sacs poubelles

Me Courtoy parle désormais des vidéos de revendication retrouvées sur Mehdi Nemmouche. “Qui s’est demandé, parmi les policiers, pourquoi on a mis des sacs poubelles au sol sur ces vidéos ? Pour laisser des traces de semelles”, explique le conseil de l’accusé. “Et on retrouve quoi ? Quatre traces de semelle gauche ! On ne savait pas que Mehdi Nemmouche était unijambiste”. Il montre un sac poubelle blanc au jury : “Il y en avait six comme ça, disposés dans l’appartement. Et comme par hasard, soi disant Mehdi Nemmouche a été à cloche-pied dessus”.

“Le revendicateur est un unijambiste”, lance-t-il encore.

9h56 – D’autres personnes

Me Courtoy revient ensuite sur le témoignage de la grand-mère de Mehdi Nemmouche, qui a accueilli son petit-fils durant un jour, et sur celui de Laurie Stehle, qui explique avoir donné un plat de pâtes à manger et 40 euros à Mehdi Nemmouche, fin mars. “La grand-mère dit qu’il restait soit à la maison, ou qu’il partait le matin pour revenir tard le soir. C’est un type avec une voiture avec une plaque belge qui a été le chercher. Et c’est grâce à cela qu’il retrouve de l’argent. Il est donc prouvé qu’il n’a eu de contact qu’avec Bendrer et Attalah avant”, affirme-t-il.

“Cela signifie qu’il y a d’autres personnes dans l’appartement qui font partie de services pour lesquels Mehdi a travaillé. Ces personnes ont accès à tout. Parfois, ils sont là seuls, parfois ils sont là avec Mehdi Nemmouche”, affirme Me Courtoy.

9h50 – Courir

Me Courtoy revient sur la fuite et le trajet du Musée juif jusqu’à l’appartement de Mehdi Nemmouche à Molenbeek. Il affirme que l’enquêteur a confirmé qu’il fallait courir pour atteindre l’appartement dans un timing de près de 25 minutes. “Vous imaginez Mehdi Nemmouche courir, avec sa tête d’arabe, avec deux sacs dans les mains ? C’est le meilleur moyen de se faire arrêter”, affirme-t-il. L’avocat s’étonne aussi du fait que Mehdi Nemmouche n’aurait été repéré sur aucune caméra entre le musée et cet appartement.

9h47 – Autre personne ?

Me Courtoy continue autour de cette histoire de wi-fi. “Toute cette histoire prouve qu’il y a une autre personne dans l’appartement de Mehdi Nemmouche. Et la personne qui est occupée dans l’appartement ne lui veut visiblement pas du bien. Car des recherches estampillées Mehdi Nemmouche sont réalisées sur cet ordinateur. Et cette personne a accès à tout : ordinateur, vêtements, caméras, et j’en passe”, dit l’avocat, qui montre ensuite la photo d’un sac de couchage retrouvé dans cet appartement. “C’est pour ça que les parties civiles ne voulaient pas que vous reteniez qu’il y avait un sac de couchage dans l’appartement”, clame-t-il. “Mehdi Nemmouche est donc revenu du chemin opposé du Musée juif avec un sac qui n’était pas celui du tireur du musée, et avec un sac de couchage. Il venait donc d’ailleurs”.

9h43 – Sac de couchage

Me Courtoy revient sur le témoignage de Mme Saadi, la femme du propriétaire de l’appartement où Mehdi Nemmouche a logé à Molenbeek. “Elle croise Mehdi Nemmouche avec trois sacs, à l’opposé du chemin pour aller au Musée juif. Et elle nous a dit : il avait un sac de couchage. Est-ce que le tireur du Musée juif avait un sac de couchage ? Non. Et qu’est-ce que Mehdi Nemmouche peut-il bien faire avec un sac de couchage ? (…) Il faut mettre cela en relation avec le propriétaire et son témoignage à propos du code du wi-fi de l’immeuble donné le 24 mai à Mehdi Nemmouche, alors que son ordinateur s’était déjà connecté à ce wi-fi dans la nuit du 23 au 24 mai. Cela veut dire qu’il y a quelqu’un d’autres dans l’appartement. C’est pour ça qu’il a ramené un sac de couchage”, lance-t-il. “C’est pour ça que le ministère public a tenté de mettre la pression sur le propriétaire, et a lancé des contre-vérités concernant ce wi-fi”.

9h35 – La plaidoirie débute

Me Laquay est arrivé, la plaidoirie de la défense de Mehdi Nemmouche peut commencer. C’est Me Courtoy qui prend d’abord la parole.

“Je suis responsable de la vie de ce garçon derrière moi”, dit-il à propos de Mehdi Nemmouche. “Je sais que malgré mon absence depuis dix jours, tout le monde a eu un petit mot pour moi”,
avant de lancer aux autres avocats : “À part s’être choisi des clients bons payeurs, je ne leur reconnais pas de mérite particulier”.

“Je suis fier de plaider au côté de Me Taelman, à qui on a menacé de briser sa carrière dans ces couloirs, et avec Me Laquay, mon copain ‘fasciste’. Et je suis fier de défendre Mehdi Nemmouche”, explique-t-il, avant d’annoncer “une pléthore de preuves”.

9h30 – L’audience peut commencer

Avec de nouveau quelques dizaines de minutes de retard, l’audience peut commencer avec l’arrivée de la défense de Mehdi Nemmouche (Me Courtoy et Me Taelman, Me Laquay est absent) et de la présidente de la cour d’assises.

9h00 – Public

Au-delà du nombre de journalistes, on compte également énormément de public pour cette journée d’audience très attendue. La salle est pleine et la sécurité a été renforcée autour et dans le palais de justice de Bruxelles. Cela signifie qu’aucune caméra, ni aucun appareil photo n’est autorisé près de la cour d’assises, contrairement à ces derniers jours. Il faut passer tout un service de sécurité avant de passer dans la salle d’audience.

Tous les avocats sont actuellement présents, à l’exception des avocats de Mehdi Nemmouche.

8h52 – Grosse affluence

Comme lors des premiers jours du procès ou le témoignage des ex-otages français en Syrie, les journalistes sont en nombre ce jeudi matin au Palais de justice de Bruxelles. En plus des médias belges, de nombreux médias étrangers ont fait le déplacement pour entendre la plaidoirie de la défense de Mehdi Nemmouche. Celle-ci est très attendue et risque de provoquer de nombreux commentaires, vu les propos employés par les avocats de l’accusé durant l’ensemble de ce procès.

Gr.I. – Photos : Belga

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28 février 2019 - 17h15
Modifié le 01 mars 2019 - 09h37