Attentat du Musée juif : ce qu’il faut retenir d’un procès hors-norme
Camille Tang Quynh a suivi ce procès pour BX1. Il s’agissait du premier procès relatif à la vague d’attentats islamistes perpétrés en Europe ces dernières années.
Mehdi Nemmouche a été condamné pendant la nuit de lundi à mardi, à l’issue de plus de huit heures de délibération, à la réclusion à perpétuité par la cour d’assises de Bruxelles. Reconnu comme l’auteur de l’attentat au Musée juif de Belgique perpétré en mai 2014, il a écopé de la peine maximale. La cour a également prononcé à son encontre une mise à disposition du tribunal de l’application des peines (TAP) de 15 ans.
La cour d’assises de Bruxelles a décidé de ne retenir aucune circonstance atténuante envers Mehdi Nemmouche. “Les conditions dures de son enfance“, le condamné ayant été placé en famille d’accueil à sa naissance son père étant inconnu et sa mère souffrant de troubles mentaux, “ne peut expliquer quatre assassinats terroristes“.
Le “caractère manifeste antijuif de l’attentat”
Ces derniers, par leur nature, “ont porté atteinte aux fondements de la société“. Dans son arrêt, la cour a également pointé que l’attentat avait visé un symbole de la religion juive et qu’ainsi, il avait “nié la liberté de chaque individu de vivre selon ses convictions vu que l’ensemble des lieux liés à la communauté juive a été placé en état d’alerte maximale” à la suite de l’attentat. En outre, il a touché un musée, “soit un lieu de rassemblement, de connaissance, d’ouverture, de réflexion, d’histoire, de mémoire et d’expression pour chaque citoyen“.
La cour a reconnu le “rôle principal de Mehdi Nemmouche qui a non seulement été l’auteur direct des faits mais surtout l’instigateur, qui les a minutieusement organisés“. Elle a également relevé le “caractère violent des faits” lors desquels Mehdi Nemmouche a “ôté gratuitement et froidement la vie à quatre personnes qu’il ne connaissait pas“.
Elle a retenu le “caractère manifeste antijuif de l’attentat et l’antisémitisme marqué de Mehdi Nemmouche” ainsi que son “égocentrisme et son narcissisme” démontrés par le fait qu’il portait une caméra sur sa veste – qui n’avait pas fonctionné – “et son souci constant de se tenir informé des faits à peine commis“.
“Nemmouche provocateur”
Dans son arrêt, la cour a encore mentionné le “comportement provoquant et particulièrement provocateur de Mehdi Nemmouche“. “Lors des interrogatoires, goguenard, il a opposé aux enquêteurs un droit au silence narquois (qui) confirme également sa volonté de se moquer, voire de rejeter notre état de droit“, a estimé la cour, fustigeant la thèse du piège invoquée par la défense “à l’évidence contraire à l’ensemble des éléments matériels du dossier” et qui présente Mehdi Nemmouche “comme une victime“.
“Haut risque de récidive”
Selon la cour, l’auteur de la tuerie du Musée juif “présente un haut risque de récidive vu son isolement, son absence d’encadrement, son parcours délinquant, sa radicalisation, sa parfaite maîtrise de lui-même et son refus de se soumettre à une expertise psychiatrique“. Elle a enfin pointé que dans l’une des vidéos de revendication de l’attentat, Mehdi Nemmouche avait déclaré “pour Allah jusqu’à la mort. Pas de trêve, pas de réconciliation“.
L’arrêt considère enfin que le condamné montre “une absence totale de prise de conscience de la gravité de ses actes, ce qui ne manque pas d’inquiéter“.
Un requisitoire suivi sur toute la ligne
Le ministère public avait requis l’emprisonnement à vie, assorti d’une mise à disposition du TAP de 15 ans, envers celui qui a été reconnu comme l’auteur matériel des faits par la cour d’assises de Bruxelles. A son sens, aucune circonstance atténuante ne devait être retenue. La cour a donc suivi son réquisitoire sur toute la ligne.
La défense de Mehdi Nemmouche avait elle choisi de ne pas plaider sur la peine.
L’attentat au Musée juif de Belgique avait coûté la vie à quatre personnes: Emanuel et Miriam Riva, Alexandre Strens et Dominique Sabrier.
Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer ont 15 jours pour se pourvoir en Cassation.
Belga