Des agriculteurs manifestent à Bruxelles contre l’accord avec le Mercosur
Près d’une cinquantaine d’agriculteurs ont bloqué jeudi, entre 11H00 à 12H30, une partie des voies de circulation du rond-point Schuman, devant les institutions européennes à Bruxelles, avec 6 tracteurs et une bétaillère afin de marquer leur opposition à l’accord de libre-échange avec le Mercosur.
La manifestation s’est déroulée dans le calme. Des pancartes posées sur les tracteurs arboraient des messages du type “MERCOSUR: Consommateurs, agriculteurs, environnement, climat, tous sûrs d’être perdants”, “MERCOSUR: La mort de l’agriculture” ou “Importations: Nous exigeons les mêmes normes que nous”.
Une délégation composée de 12 personnes s’est rendue vers 11H30 en bétaillère rencontrer des représentants du Premier ministre du gouvernement en affaires courantes Charles Michel. “Nous avons présenté nos revendications et ils nous ont répondu qu’ils étaient d’accord avec nous sur certains points, c’est-à-dire qu’ils essayaient déjà de trouver des alliés au niveau européen pour discuter des problèmes sanitaires et environnementaux liés à cet accord“, rapporte Yves Vandevoorde, coordinateur au syndicat agricole Fugea, à l’initiative du rassemblement. “Pour nous, le but de cette rencontre était que l’agriculture ne soit pas oubliée. On veut continuer à mobiliser aussi avec la société civile car il y a aussi des enjeux climatiques à travers cet accord. Le chemin sera long.”
La Fugea, à l’instar de la Fédération wallonne de l’Agriculture (FWA), rejette l’accord de libre-échange, qualifié de non-sens climatique, social et sanitaire. Elle demande que cet accord ne soit pas approuvé par le Conseil européen, dont le futur président sera Charles Michel, ou, a minima, la mise en place d’une “exception agricole“. L’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) se sont entendus le 28 juin sur un vaste traité de libre-échange négocié depuis 20 ans, et touchant près de 770 millions de consommateurs. L’accord prévoit notamment de faciliter l’accès au marché européen pour près de 100.000 tonnes de viande bovine sud-américaine supplémentaires, au grand dam des éleveurs européens et wallons déjà fortement secoués par la crise.
Selon Erwin Schöpges, président de l’European Milk Board (EMB), le quota de 99.000 tonnes de viande bovine appliqué aux exportations des pays d’Amérique du Sud provoquera une forte baisse des prix de la viande bovine dans l’UE et menace de faire disparaître une partie de la production locale de viande. Avec la baisse prévue des droits de douane sur les exportations de soja du Mercosur, et donc la diminution du prix de cet aliment pour animaux, il s’attend à ce que la surproduction nuisible au secteur laitier s’intensifie encore davantage.
► Explications