Des menaces pèsent sur l’ASBL qui relie les enfants à leurs parents détenus à Bruxelles
À la clôture de la quatrième édition des Journées nationales de la Prison consacrée cette année aux familles de détenus, l’Observatoire international des Prisons (OIP) dénonce lundi les menaces qui pèsent sur l’avenir de l’ASBL Relais Enfants-Parents (REP) à Bruxelles.
Les psychologues du Relais favorisent depuis 22 ans le maintien de la relation entre un enfant et son parent détenu, notamment par l’organisation de visites collectives et individuelles. Il s’agit de la seule association active dans ce domaine à Bruxelles et en Wallonie. Le Relais Enfants-Parents bénéficie de subsides d’aides à l’emploi de la Commission communautaire française (COCOF) et d’un complément de l’administration pénitentiaire.
Avec les restrictions budgétaires, il est attendu que ce dernier financement ne couvre plus que 10% des entretiens individuels à Bruxelles dès janvier 2018, selon Nicolas Cohen, co-président de l’OIP : “La porte d’entrée du REP est d’avoir un entretien avec les parents détenus et ensuite il met en place tout le suivi avec les enfants. C’est leurs activités avec les familles à l’extérieur qui justifient les subsides qu’il reçoit. Cela va avoir des conséquences en cascade, car on tarit la source. (…) Pour Saint-Gilles, seuls 20 entretiens par an seraient financés à l’avenir, au lieu de 400 aujourd’hui.”
Près d’un tiers des enfants de détenus passent par la prison à l’âge adulte
Le REP tente de limiter la récidive du détenu en valorisant son rôle de parent, de garantir le respect des droits fondamentaux du détenu et de l’enfant en maintenant les liens familiaux et de casser le schéma de reproduction. Près d’un tiers des enfants de détenus passent par la prison à l’âge adulte.
L’OIP dénonce l’absence d’égard du gouvernement et de l’administration pénitentiaire pour le secteur de l’aide aux justiciables détenus au profit d’une politique populiste sécuritaire à court terme. Il estime que cette approche nuit aux droits fondamentaux des détenus et de leur famille et met à mal la réinsertion dans la société à l’issue de l’incarcération. “Assurer le lien social entre le détenu et l’extérieur est une mission qui en principe devrait relever de l’administration pénitentiaire, non d’un service externe”, remarque Nicolas Cohen. “Plus les détenus ont des liens avec l’extérieur et moins ils récidivent. La famille est un point extrêmement important parce qu’elle responsabilise et fait prendre conscience du mal qu’on a fait”.
Avec Belga – Photo : Belga