Procès de l’attentat du Musée juif: “On se moque de vous quand on vous dit que Nacer Bendrer est radicalisé”

“On se moque de vous quand on vous dit que Nacer Bendrer est radicalisé”, a adressé vendredi matin aux jurés Me Blot, l’avocat du Marseillais, lors de sa plaidoirie devant la cour d’assises de Bruxelles.

L’avocat du co-accusé de la tuerie au Musée juif, Français également, a entamé sa plaidoirie par une analogie entre la justice et le palais où se tient le procès de la tuerie au Musée juif. Il est “impressionnant”, il incarne “la justice qui nous écrase”, mais les échafaudages qui l’entourent de manière permanente montrent aussi la “fragilité” de la justice, a commenté le conseil de Nacer Bendrer.

“Tout va bien se passer, il suffit de faire preuve de bon sens”, a dit Me Blot aux jurés. “Pour vous, c’est le procès Nemmouche, pour moi c’est le dossier Bendrer. Ce n’est pas un procès historique, c’est un procès comme un autre (…) Il est innocent. Plaider cela, ce n’est pas nier la douleur des victimes, nous nous inclinons, Nacer Bendrer y compris, devant cette douleur.”

Pour l’avocat, l’arborescence de détenus radicalisés et prosélytes réalisée en 2010 à la prison de Salon-de-Provence, sur laquelle apparaissent Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, ne constitue qu’un “procès d’intention”. Le directeur reconnaît lui même qu’elle est basée sur des “suppositions”, a insisté Me Blot. Un autre responsable de l’établissement n’avait rapporté “aucun problème avec Bendrer”, a-t-il ajouté. “Pourquoi n’a-t-on pas interrogé les autres personnes présentes sur l’organigramme?”, s’est encore interrogé l’avocat.

Il souligne que son client n’avait, contrairement à Mehdi Nemmouche et à ce qu’a affirmé le directeur de la prison de Salon-de-Provence, jamais été transféré pour un problème de radicalisation. “Ce n’est pas inscrit dans son dossier pénitentiaire. Il n’est pas même pas surveillé pour un risque d’évasion ou comme détenu dangereux”, a poursuivi le pénaliste.

A partir de sa sortie en 2011, il n’y a “rien à signaler” dans la vie de Nacer Bendrer, selon son conseil. Son client ne commet aucune infraction. “Il rattrape le temps perdu: football, jet-ski, soleil… Il se réinsère, il en a marre de la prison.” Il ne va pas en Syrie, ne sachant même pas ce qui s’y passe. Il préfère le short à la mosquée, a résumé Me Blot.

Rien ne permet de lier Nacer Bendrer aux armes de l’attaque du Musée juif, selon Me Blot

“Comment dire que les armes sont passées entre les mains de Nacer Bendrer?”, a questionné vendredi Me Julien Blot. Pour ce dernier, l’accusation n’a pas rapporté la preuve que Nacer Bendrer a fourni les armes du crime à Mehdi Nemmouche, et qu’il l’aurait fait en connaissance de cause, le rendant alors complice de quatre assassinats terroristes.

“Le raisonnement de l’accusation c’est: Nacer Bendrer avait des armes en décembre 2014 au moment où il est arrêté, donc il pouvait en avoir en avril 2014 lorsque Mehdi Nemmouche lui a demandé une kalachnikov”, a rappelé Me Julien Blot, conseil de Nacer Bendrer, déplorant qu’aucune preuve matérielle ne pouvait avaliser cette affirmation. Pour étayer son propos, le pénaliste français a tout d’abord rappelé que son client n’avait fait la connaissance de Johan Perrin qu’à l’été 2014. C’est dans la villa de ce dernier, à Ceyreste (banlieue de Marseille), que Nacer Bendrer avait été arrêté en décembre 2014 parmi un arsenal d’armes et de munitions, dont une kalachnikov similaire à celle utilisée au Musée juif de Belgique.

Nacer Bendrer avait expliqué qu’il gardait ces armes pour le compte de son ami Johan Perrin, incarcéré, à concurrence d’une somme de 200 euros par semaine. Me Blot a ensuite contesté une autre affirmation à propos des armes ayant servi lors de l’attaque au Musée juif, selon laquelle elles faisaient partie du stock d’armes volé par Nacer Bendrer à Mehdi Friga. Pour rappel, le frère de ce dernier, Kamel Friga, avait dit reconnaître les armes trouvées à Ceyreste comme étant celles volées à son frère. “Dans sa première déclaration, Kamel Friga a dit ‘je ne sais rien sur ces armes’ et tout le monde, y compris l’accusation, est d’accord aujourd’hui pour dire que la kalachnikov retrouvée à Ceyreste n’est pas celle de Friga”, a relevé l’avocat. Me Blot a également insisté sur le fait que son client avait mené une vie normale entre mai 2014 et son arrestation au mois de décembre suivant, ce qui démontre selon lui qu’il n’est pas complice du quadruple assassinat terroriste au Musée juif.

“Il ne se cache pas, il ne se terre pas! Et aucun signe d’une quelconque radicalisation n’a été mis au jour le concernant”, a souligné Me Blot. Il a achevé sa plaidoirie en demandant au jury de répondre “non” à chaque question posée à propos de Nacer Bendrer “parce qu’il n’a tout simplement pas fourni d’armes”.

 

■ Les informations en direct avec Camille Tang Quynh

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01 mars 2019 - 11h11
Modifié le 01 mars 2019 - 13h22